Nécrologie: Tombee de rideau pour Wakeu Fogaing

Le célèbre dramaturge camerounais a quitté les planches hier après avoir perdu la bataille contre la maladie. Il avait donné plus de 30 ans de sa vie à l’univers du spectacle.

Le comédien, dramaturge, metteur en scène et écrivain qu’il était avait habitué son public à des tragi-comédies. Cet aspect du théâtre où se mêlent rire et gravité était l’une de ses spécialités. Mais hier, en quittant les planches à l’âge de 53 ans, vaincu par la maladie, Wakeu Fogaing a tourné l’ultime acte d’une terrible tragédie. Le promoteur de l’Espace Tengang et de la Compagnie Feugham à Bafoussam, dans la région de l’Ouest, s’en va après plus de 30 ans de dévotion au théâtre. Cet art, compagnon de toute une existence, il le découvre pour la première fois au CEII, quand son institutrice emmène sa classe vivre « La malédiction héréditaire » de Raymond Ekossono, jouée au Lycée Général Leclerc.

Au Collège Saint Thomas D’Aquin de Bafoussam où il poursuit ses études secondaires, il rentre un peu plus en profondeur dans l’univers de la dramaturgie. Le club théâtre lui tend les bras, et il s’y agrippe bien fort. Si fort que cette passion brûlante le pousse à se perfectionner. En 1984, Wakeu Fogaing emprunte officiellement le couloir du théâtre, et en 1989 il écrit sa première pièce « Kamwa ou l’œil du village ». Pour aller encore plus loin, le jeune Fogaing se rapproche des références du domaine. Dave K Moktoï, Kouokam Narcisse, Essindi Mindja, Jean Miché Kankan, des humoristes à texte, lui servent de mentors. D’eux, il apprend à tirer des faits d’actualité ce filet comique, glissant, ravageur. Au Labado Théâtre en 1992, il est forgé sous le marteau professionnel de François Bingono Bingono qu’il appelait affectueusement « maître ». 

Wakeu Fogaing veut se démarquer des figures du théâtre et développer son propre style. Il crée alors en 1999 Monsieur Nimportequi, ce personnage pluriel capable de passer du chef de famille au détourneur de fonds publics, puis au saoulard avant de redevenir l’honnête commerçant. Son œuvre prend des couleurs engagées quand il défendait la cause des femmes, mais surtout patrimoniales quand il questionnait les traditions. Ses spectacles parlent de colonisation, de corruption, en même temps qu’ils abordent les rites et coutumes traditionnelles de son Ouest natal avec une plume autant drôle que critique. Sa puissance sur scène et sa capacité à dominer les personnages qu’il incarne érigent sa réputation dans le monde du théâtre. Il est le...

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