Guillaume Oyono Mbia: L’acte final

La littérature camerounaise perd une icône. Guillaume Oyono Mbia, auteur de « Trois prétendants… Un mari »  (1963) s’en est allé le 10 avril dernier à Yaoundé. Le dramaturge originaire de Mvoutessi II, arrondissement de Zoétélé, région du Sud, a perdu ainsi à l’âge de 82 ans, un long combat contre la maladie. Connu pour son engagement à la promotion du théâtre auprès des jeunes générations, Guillaume Oyono Mbia verra sa vocation récompensée par plusieurs distinctions comme le Prix du concours théâtral africain  en 1967, le Prix théâtral interafricain pour son œuvre « Notre fille ne se mariera pas » en 1969, le Prix El Hadj Ahmadou Ahidjo pour son titre « Trois prétendants… Un mari » ou encore le Prix BBC en 1966 pour « Jusqu’à nouvel avis ». Guillaume Oyono Mbia vivait dans son cher Mvoutessi II, où à l’occasion des 50 ans de son classique en 2013, l’auteur de ces lignes lui avait rendu une visite de courtoisie, de laquelle avait finalement été tiré un échange intense, profondément ancré sur les rochers de la mémoire. Il était de ces hommes-bibliothèques, fourni de renseignements et d’anecdotes sur le théâtre, mais aussi sur la manière que cet art a de changer le monde, de créer des liens entre un public et des artistes qui donnent jusqu’au fin fond de leurs tripes sur les planches.

Le théâtre, Guillaume Oyono Mbia plonge dedans à pieds joints dans son enfance. Les traditions et autres pratiques culturelles de Mvoutessi II où il naît un 2 mars 1939, vont ensuite lui servir de décors pour la plupart de ses œuvres. « Trois prétendants… un mari », tirée d’une histoire vraie - le mariage d’une cousine contre avis de la promise - rédigée dans son cahier de devoirs et rendue par inadvertance à son enseignant en classe de Seconde, va modifier la trajectoire de celui qui retranscrit dans ses pièces cette gestuelle observable...