Un long fleuve agité

Le différend en cours entre l’Egypte et le Soudan contre l’Ethiopie au sujet de la construction du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne, lancé depuis 2011 sur l'affluent du Nil Bleu en Ethiopie vient confirmer que le Nil n’a jamais été un long fleuve tranquille. Au centre du conflit actuel, le remplissage de cette gigantesque infrastructure regorgeant un potentiel énergétique de plus de 6 000 MW. L’Egypte craint que l’achèvement de ce barrage ne vienne perturber son approvisionnement en eau. Car, le Nil assure 97% de ses besoins en eau potable et en irrigation. Dans ce rapport de force, l’Ethiopie, située en amont du fleuve, devrait pouvoir à terme exercer son hégémonie sur le fonctionnement du Nil, en contrôlant son débit. Jouissant d’une pluviométrie enviable avec plus de 3 000 mm de pluie par an, l’Ethiopie reste un pays privilégié par la nature. Alors que pour l’Egypte, située en Aval, le Nil est une question de survie au regard de ses avantages économiques incommensurables qu’il génère. Outre le fait que ce fleuve est pourvoyeur de l’essentiel de l’eau consommée par les populations égyptiennes, il permet également l’irrigation et une bonne fertilisation des terres arables pour l’agriculture, favorise la circulation des marchandises, la production d’électricité et le développement des industries. L’Egypte et le Soudan, par contre, présentent une pluviométrie annuelle très faible. Le Nil constitue donc pour ces pays le principal pourvoyeur de l’eau consommée. 
Long de 6 671 km, le Nil arrose outre l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan, le Burundi, le Rwanda, le Soudan du Sud, la Tanzanie et l’Ouganda. Il longe également le Kenya et la République démocratique du Congo (respectivement avec les lacs Victoria et Albert), et son bassin versant concerne aussi l'Érythrée grâce à son affluent du Tekezé. Les conflits entre ces différents pour son contrôle font ...