Interview : « Ces opérations semblent avoir peu d'impact »

Dr Athanase Roland Ndzana Ntiga, enseignant permanent de droit.

Quelle lecture pouvez-vous faire de la lutte contre le terrorisme au Sahel?
En proie à une menace terroriste, 5 pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) ont décidé de créer le 16 février 2014 à Nouakchott en Mauritanie, une organisation sous régionale qui lutte contre le terrorisme (G5 Sahel). Seulement, la lutte contre le terrorisme au Sahel n'est pas du tout efficace au vu des résultats des différentes missions internationales. L'opération Barkhane mise en place n'a pas réussi à endiguer l'insécurité au Sahel, alors qu'en 2013, elle avait été acclamée pour avoir repoussé l'avancée djihadiste vers Bamako. Cependant, cette opération n'est pas parvenue depuis à endiguer la progression des groupes djihadistes.

Ces derniers ont notamment renforcé leur influence au centre, dans la zone des 3 frontières (Mali, Burkina Faso et Niger), théâtre, ces dernières années, d'une multiplication des attaques menaçant la stabilité de la région. Néanmoins, si les opérations de lutte contre le terrorisme par les troupes françaises de l'opération Barkhane demeurent pour la plupart secrètes, la France a revendiqué deux victoires militaires majeures ces dernières années au Sahel : la mort du fondateur d'Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et du fondateur de l'État islamique au Grand Sahara. Pourtant, ces opérations semblent avoir peu d'impact sur la vie des communautés locales. Un rapport récent de l'ONU fait état d'une forte augmentation des attaques par des groupes extrémistes violents. Aussi, il faut noter que ces opérations militaires causent la mort de civils et violent les droits humains, tout en alimentant la propagande terroriste.

Le départ des forces françaises du Mali est-il un handicap pour la lutte contre le terrorisme au Sahel ?
A priori, le départ des forces françaises et de leurs alliés du Mali est un handicap pour la lutte contre le terrorisme au Sahel au bout de 9 ans de lutte antiterroriste mitigée. Seulement, la France est militairement présente au Mali depuis 2013, proie des groupes djihadistes qui sévissent aussi dans d'autres Etats sahéliens. Paris est intervenu pour enrayer la progression des groupes islamistes radicaux menaçant Bamako et ensuite mis sur pied une vaste opération régionale, Barkhane, déployant des milliers de soldats pour lutter contre les franchises locales d'Al Qaida et du groupe État islamique.

Cependant et a posteriori, avec le départ de Barkhane, l'option d'une négociation avec les djihadistes est relancée au Mali par les autorités de transition qui ont désormais les mains libres pour le faire directement avec les groupes djihadistes affiliés à Al Qaida. Cette question était au cœur des désaccords entre la France et les autorités de transition. Maintenant avec la fin de la présence française au Mali, un nouveau chapitre pourrait s'ouvrir dans ces négociations. Le contexte n'a en tout cas jamais été aussi favorable à une accélération de ce processus, que de nombreux experts jugent inévitable.  « Actuellement, il y a un alignement d'intérêts entre la junte, les djihadistes et la Russie, qui veulent tous le départ des français » dixit Wassim Nasr présent à la conférence de paix de Nouakchott et dont tout porte à croire que dans les couloirs de cette conférence, des contacts auraient été établis en vue d'aller plus loin dans cette option des négociations.

Avez-vous le sentiment que les différents acteurs sont réellement engagés dans le combat?
Nous pensons que tous les acteurs de la lutte contre le terrorisme ne sont pas engagés dans...

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