Extrême-Nord : des tracas sans fin

Ambiance à un poste de contrôle à l’entrée de la ville de Maroua mercredi 6 avril. Alors qu’il est environ 13h, un groupe de personnes en pleine discussion attire l’attention des passants. Il s’agit d’une dizaine de personnes dépourvues de carte nationale d’identité (CNI). « Parmi elles, certaines n’ont même pas d’acte de naissance, surtout les vieux que vous voyez-là », lâche un policier. Dans le groupe de « sans-papiers », Hamadjam, la soixantaine, traine sa bicyclette sur laquelle il a attaché un mouton qu’il compte aller vendre au marché de Bogo. Malheureusement, il n’a pas de CNI. A la question de savoir comment va-t-il faire pour passer le poste de contrôle, notre source policière nous informe qu’il ne va pas traverser. Tout simplement. 
Ce genre de déconvenues est régulier dans dans le quotidien de toutes les personnes qui ne possèdent pas d’acte de naissance, et donc pas de CNI. Hammadou Ousman, secrétaire d’état civil à Bogo explique que les populations n’arrivent pas à se faire établir un acte de naissance, le tout premier document de la vie, pour des raisons multiples. « D’abord, les centres d’état civil étaient très rares pendant des décennies, et quand bien même il y en avait, la collaboration avec les hôpitaux était presque inexistante. Voilà pourquoi plusieurs personnes âgées aujourd’hui peuvent se retrouver sans acte de naissance », explique notre source. Dans son bureau basé à Bogo, des cas pareils sont légions. « J’ai même l’impression que c’est au moins 90% de la population d’ici qui manque d’acte de naissance parce que la demande est forte depuis quelques années », poursuit le secrétaire d’état civil. « Il y a également le fait que plusieurs bébés naissent à la maison et non à l’hôpital », indique Hamadou Abdoulaye, secrétaire d’état civil à la mairie de Ndoudkoula, dans le Diamaré. « Quand les femmes accouchent à la maison, difficile d’établ...