« C’est à l’Afrique de s’imposer »

Dr Simon Omgba Mbida, ministre plénipotentiaire et internationaliste.

Quel commentaire vous inspire l’affiche du second tour de l’élection présidentielle en France, Macron-Le Pen ? 
Je ne suis pas du tout surpris par ce résultat, car ces deux candidats ont toujours été donnés favoris pour passer au second tour dans les intentions de vote au cours de la campagne, notamment Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, parti d’extrême droite, qui réalise le meilleur score de son histoire avec 23,15% par rapport à l’élection de 2017 où la candidate avait obtenu 21,3% des suffrages. Tandis qu’Emmanuel Macron, le président sortant candidat, à sa propre réélection avec un score de 27,85% des voix améliorant ainsi son résultat obtenu en 2017 lorsque le candidat d’En Marche était déjà arrivé en tête du premier tour avec 24.01% des voix à l’époque.  Le duel final sera donc identique à celui de 2017. L’évolution de la politique en France au cours des 20 dernières années avec l’émergence de nouvelles puissances au plan économique et militaire à travers le monde qui sont venues bouleverser et bousculer les équilibres dans ce qui était convenu de considérer au sein du concert des nations comme la caste très fermée des grandes puissances bien triées sur le volet et se comptant au bout des doigts d’une main. La France, comme d’autres anciennes puissances tutélaires, est victime de la nouvelle donne mondiale et doit nécessairement faire face à la concurrence rude, voire féroce des pays émergents, notamment ceux du Sud (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud, Russie les fameux Brics). Alors pour continuer d’exister comme une puissance qu’elle a toujours été, sans contestation à l’international, elle doit donc se réinventer, voire se reconstruire un nouveau destin. C’est pourquoi, à mon humble avis, les partis traditionnels ou classiques ont considérablement perdu du terrain aux dépens de l’influence grandissante, notoire, incontestable et sans complexe des extrémismes de droite comme de gauche que nous observons allégrement aujourd’hui. Les Français se sont désinhibés au point de ne plus être gênés d’adhérer ouvertement aux idéaux et autres valeurs dangereuses de l’extrême droite comme le racisme, la xénophobie ou la haine gratuite de l’étranger à qui on attribue à tort et dans une ignorance crasse de l’évolution du monde et de ses réalités tous les maux de la France actuellement. Ces idées nocives sévèrement décriées et dénoncées par le passé ne posent plus un quelconque problème moral ou éthique à la plupart des Français. Ce qui compte désormais pour eux c’est comment s’en sortir et faire face à leurs problèmes quotidiens peu importe d’où viendra la solution.  

Avec la crise en Ukraine et ses répercussions en Europe, l’Afrique a presque été oubliée dans les programmes des candidats, en dehors des thèmes comme l’immigration… 
En réalité, en dépit de la guerre en Ukraine, l’Afrique a toujours occupé une place congrue dans les débats électoraux en France. Tous les candidats savent bien mieux que quiconque que l’Afrique dans une campagne électorale française ne compte pas en termes d’influence pour peser sur l’issue du scrutin ou encore pour orienter éventuellement le vote des électeurs français en faveur de tel ou tel candidat. Quoique les ex-colonies françaises en Afrique constituent une des pièces maîtresses du dispositif diplomatique de la France pour son influence et son rayonnement culturel, politique, et surtout, la défense de ses intérêts stratégiques et économiques dans cette partie du monde. C’est pourquoi les candidats mettent généralement un point d’honneur, chacun en fonction de sa couleur politique, à dérouler sommairement leur programme pour l’Afrique, en développant les thèmes qui font souvent écho aux problématiques de la politique intérieure française : l’immigration, la place de l’islam, le vote des étrangers etc. Cependant, les sujets complexes, plus engagés, mais moins récurrents tels que l’aide au développement, la question de la dette, le franc CFA, la françafrique, le néocolonialisme, pour ne mentionner qu’eux, ne figurent que subsidiairement dans les programmes de plusieurs candidats, en dehors des prises de positions assez tranchées et radicales des représentants des partis d’extrême gauche (Lutte ouvrière, Parti communiste, La France insoumise). La présidentielle de 2022 n’a pas dérogé à la règle, en ce qui concerne la vision globale des principaux candidats sur l’Afrique. Les propositions des prétendants à l’Élysée apparaissent comme une sorte de recyclage de celles qu’ils n’ont cessé de ruminer depuis une vingtaine d’années. 
Par ailleurs, la politique étrangère africaine de la France, notamment les affaires concernant la vie politique du pré carré francophone font strictement partie du « domaine r&eacu...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie