« L’Afrique a besoin de cette force »
- Par Eldickson Agbortogo
- 23 mai 2022 15:06
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Dr. Mariette Edimo Mboo, Enseignante Permanente à L’Institut des Relations Internationales du Cameroun (Iric).
Depuis de nombreuses décennies, des appels ont été lancés pour la création d’une Force africaine en Attente. Cet appel a été réitéré par le Secrétaire général de l’ONU lors de sa récente tournée africaine. Que pensez-vous de cet appel?
Afrique, consciente du fait que le fléau des conflits constitue un obstacle majeur au développement socio-économique du continent, et de la nécessité de promouvoir la Paix, la Sécurité et la Stabilité comme conditions préalable à la mise en œuvre de son agenda pour le développement et l’intégration, s’est dotée d’une Force Africaine en Attente (FAA). La FAA a été prévue dès la constitution de l’Union africaine en 2002, dont elle doit être le bras militaire. Cependant, son lancement a été repoussé à maintes reprises depuis 15 ans déjà. Deux sites, respectivement de 10 et 15 hectares lui ont été attribués à Douala avec pour but de servir d’entrepôts pour du matériels militaire, tout en prévoyant un accès immédiat à l’équipement et au matériel requis pour le déploiement rapide lors des opérations de soutien à la paix de l’Union africaine. Partant de cette réalité, il est judicieux de dire qu’en réitérant l’appel à la mise en œuvre effective d’une Force Africaine en Attente, le Secrétaire General de l’ONU, (plus haut fonctionnaire de cette organisation et donc chargé par le conseil de sécurité des Nations Unies, organe exécutif de l’ONU ayant pour responsabilité principale le maintien de la paix et de la sécurité internationale), est dans son rôle.
L’Afrique a-t-elle tant besoin d’une Force en attente ?
Les pays africains, après leurs indépendances ont connu une période de reconstruction et de développement économique. En même temps, les conflits à l’intérieur des Etats et entre eux ont persisté, notamment à travers plus d’une dizaine de conflits sur le continent. Or la prise en charge par l’Afrique elle-même de la résolution de ses propres conflits est primordiale, la paix constituant une condition préalable à la sécurité et au développement du continent. C’est d’ailleurs pour cette raison que les Etats africains avaient décidé par la déclaration du Caire de juin 1993, de créer un instrument à l’échelle continentale à savoir? le mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, créé par l’organisation de l’unité africaine, la défunte OUA. Ce mécanisme avait pour objectif de permettre à l’OUA de se doter des moyens de réduire les crises et les conflits qui demeurent nombreux sur le continent. Il visait également à éviter que certaines situations ne dégénèrent en conflits par le déploiement de l’action diplomatique et les négociations. Nous voyons donc que le mécanisme de l’OUA privilégiait la prévention des conflits qu’aux opérations de maintien de la paix. Ainsi, et de fait, les africains ne disposaient pas de troupes mieux préparées aux opérations de maintien de la paix. Des programmes de formation ont donc été organisés dans un cadre bilatéral ou multilatéral par les puissances occidentale. Ils s’agissaient, entre autres, des programmes français (Recamp), américain (Acri) et des séminaires britanniques. Programmes visant à former les contingents africains au maintien de la paix. Alors que la FAA est une force de maintien de la paix africaine qui, comme son nom l’indique est en attente d’intervention rapide dans un Etat membre en cas de circonstances graves, à savoir? les crimes de guerre, les génocides et les crimes contre l’humanité. Donc oui, nous pensons que l’Afrique a besoin d’une Force en Attente.
Qu’est-ce qui bloque la mise en ...
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