« Il est impératif d’instaurer un dialogue fraternel et sincère »

Dr Mariette Edimo Mboo, assistante à l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC).

Plusieurs années après l’assassinat du guide Mouammar Kadhafi, la Libye demeure un pays instable. Quelle appréciation pouvez-vous faire de la situation actuelle ?
En effet, en 2011 lorsque la cyrénaïque se soulève contre le pouvoir central, la situation dégénère rapidement en guerre civile au cours de laquelle Mouammar Kadhafi est tué. Dès l’année suivante, les rivalités se sont multipliées pour devenir une lutte d’influence géostratégique de plus en plus dangereuse, opposant les Émirats arabes unis, l’Égypte, la Russie puis le Qatar, à la majorité des États européens dans un pays disposant de réserves de pétrole importantes. Pays, lui-même situé à la croisée de l’Afrique du nord, du sud de l’Europe, du Sahel et du Moyen-Orient. Il faut rappeler que ce pays avait déjà été dirigé par deux Premiers ministres rivaux bien avant ceux en place actuellement. En effet, ceux en place sont représentés par les divisions entre institutions concurrentes à l’Ouest et à l’Est, puis vint le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah qui avait été désigné sous l’égide de l’ONU, il y a un an, pour mener la transition jusqu’aux élections présidentielle et législatives prévues en décembre 2021 avant d’être malheureusement reportées.
Tout ceci entraîne une transition politique compliquée à cause des dynamiques socio-politiques de ce pays au regard du processus électoral pouvant peut-être bien permettre de comprendre pourquoi la transition politique en Libye n’a pas permis à ce pays de se stabiliser. De fait, cette stabilité incertaine se manifeste de plus en plus, au regard du coup de force institutionnel opposant le camp de Benghazi à celui de Tripoli, faisant souffler un vent anti-démocratique. Allant dans le même sens, force est de mentionner que la Chambre des représentants siégeant à Tobrouk a investi l’influent ex-ministre de l’Intérieur, Fathi Bashagha, pour succéder à Abdel Hamid Dbeibah à la tête d’un gouvernement d’intérim qui avait été mis sur pied, il y a un an, sous le parrainage de l’ONU afin de mener la transition jusqu’aux élections présidentielle et législative. Seulement ce choix reste contesté par l’autre camp. Ainsi, sur fond de crise politique majeure ayant déjà plongé dans le chaos depuis plus d’une décennie la Libye, de violents affrontements entre groupes armés ne cessent d’évoluer. Il faut dire que dans ce chaos politico-institutionnel, la situation sécuritaire de ce pays nord- africain demeure très précaire.
Il y a eu plusieurs réunions et appels aux différentes parties prenantes pour sortir de l’impasse. Qu’est-ce qui peut expliquer ce manque de flexibilité ?
Le blocage des élections à travers des opérations diverses et néfastes pour ce pays est l’une des raisons de l’impasse du processus politique. La nomination par le parlement d’une commission devant rejoindre les pourparlers avec le haut Conseil d’Etat, présente déjà des dissonances car l’apparition de divergences au sein de la commission militaire conjointe 5+5 risque encore de compromettre de possibles progrès de cette mission. Il faut néanmoins noter que cette nomination équivaut à une acceptation de participation avec le haut Conseil d’Etat à des négociations sur une base constitutionnelle pour l’organisation des élections auxquelles aspirent les Libyens pour sortir le pays de la crise de légitimité, même si ces étapes de transition n’en finissent pas. Ainsi, l’exploitation d’une abondante richesse libyenne est le leitmotiv de ces différents groupes.
La présence des troupes étrangères dans le pays ne serait-elle pas aussi un obstacle ?
À la fin de l’année 2020, la Libye présente déjà un scénario d’un pays déchiré par une g...

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