Stabilisation de la Somalie : des chantiers d’Hercule

Une situation sécuritaire extrêmement instable
La menace terroriste est très élevée dans ce pays d’Afrique de l’Est. Depuis sa création en 2006, le groupe al-Shabab contrôle de vastes territoires. Malgré l’aide de la force africaine, l’Amisom qui a mobilisé environ 20 000 soldats, le gouvernement de Mogadiscio ne contrôle qu'une faible portion du pays. L’objectif de ce mouvement jihadiste affilié à al-Qaïda étant d’installer un État islamique en Somalie. L’instabilité chronique observée au sommet de l’Etat leur offre l’occasion d’étendre leur influence. Tout comme les nombreuses divisions au sein de l’armée leur permettent de progresser sur le terrain. Les civils sont à la fois des cibles intentionnelles et collatérales lors des différentes attaques. Selon un rapport de l’Agence européenne d’appui en matière d’asile (EASO) daté de septembre 2021, ce groupe terroriste a mené pas moins de 2 276 attaques, laissant 2 278 morts sur le carreau, entre janvier 2020 et juin 2022.

Une armée à reconstruire
Parmi les chantiers qui se dressent sur la voie des nouvelles autorités de Mogadiscio, figure en bonne place la constitution d’une armée forte et mieux structurée qui se pose avec acuité. Constituée aujourd’hui d'environ 4 000 soldats et d'un corps de forces spéciales de 300 hommes, elle n’est pas assez efficace pour enrayer la menace des islamistes shebab qui sèment panique et désolation dans le pays. Composée d’une armée de terre, d’une force aérienne, d’une marine de guerre et d'une police militaire, l’armée somalienne pêche par un manque de ressources conséquentes pour faire face aux nombreux défis sécuritaires qui s’imposent. 

L’urgence d’une politique d’inclusion
Pour un retour à une paix définitive en Somalie, le président Hassan Cheick Mahamoud et son équipe devront s’investir dans une politique d’inclusion des différentes entités et groupes ethniques du pays. Etat fédéral, la Somalie est constituée de six Etats fédérés, eux-mêmes découpés en 18 régions. Nombre de régimes ayant présidé par le passé aux destinées du pays avaient toujours reçu le reproche de ne pas impliquer l’ensemble des régions dans la gestion des affaires de l’Etat. Une politique d’exclusion à l’origine de diverses tensions dans le pays.  

Une économie en hibernation 
Vulnérable au changement climatique, la Somalie est profondément affectée en matière d’agriculture. Selon la Banque africaine de développement (BAD), entre 2019 et 2021, six millions de Somaliens ont subi les affres de la sécheresse et des inondations. Une situation qui a contribué au ralentissement de la croissance du PIB et augmenté la pauvreté et les inégalités de revenus. Dans l’Indice global d’adaptation de Notre Dame (ND-GAIN), la Somalie est le deuxième pays le plus vulné...