« Les violences restent un tabou dans notre milieu »

Tony Mefe, directeur artistique de « Scène d’Ebène » et promoteur du Salon Escale Bantoo, Voix de Fame.

La cinquième édition du Salon Escale Bantoo a récemment mobilisé de nombreux artistes et passionnés de musique à Yaoundé et à Douala. Que retenir de cet événement autour de l'émulation musicale ?
Personnellement, j’étais particulièrement heureux de permettre à des jeunes artistes complètement inconnues de la scène musicale camerounaise de prouver qu’elles existent et quelles ont un potentiel susceptible d’en faire des artistes de dimension internationale. Surtout que derrière, je suis au courant des sacrifices consentis pour produire un spectacle au Cameroun, entre les frais de répétitions, ceux des taxis des musiciens et de leur cachet, ça c’est la première chose que je vais retenir. La seconde chose qui transparaît de cette édition du Salon c’est la formidable solidarité que les autres acteurs culturels africains ont manifestée. Pour la plupart, ils ont payé leurs billets d’avion pour venir soutenir le mouvement et surtout partager leur expérience. Franchement, on sort toujours de ce type d’expérience avec davantage d’enthousiasme et de passion.
Pourquoi avoir choisi de placer cette édition sous le signe de la lutte contre les violences faites aux femmes ?
Nous pensons que nous avons une plateforme dédiée aux voix des femmes, et ces voix de femmes peuvent servir à sensibiliser le grand public sur divers problèmes sociaux, et notamment sur les violences faites aux femmes. Cette expérience ne va pas s’arrêter là, car c’est quelque chose que nous voulons pérenniser, parce que nous avons vu comment les gens ont réagi à cette problématique. Nous voulons continuer d’interroger ce type de thématiques. On s’est rendu compte qu’il y a beaucoup de choses concernant ce sujet dont on ne parle pas. Et même dans le milieu artistique, il y a des carrières et des parcours qui sont brisés à cause des mauvais comportements de certaines personnes. Sauf que dans notre milieu, ces violences restent des tabous. « Voix de femmes », ce n’est pas seulement de la chanson. Il faut que ces voix de femmes puissent donner écho à des problèmes qui les concernent.
Cinq éditions plus tard, comment jugez-vous l'évolution de la reconnaissance artistique des femmes au Cameroun et dans la sous-région ?
Une fois de plus, je dirais que cinq ans ce n’est pas suffisamment fort pour qu’on puisse commencer à mesurer les impacts. Aujourd’hui, on peut juste mesurer l’impact de notre travail sur le parcours de certaines chanteuses et en cela Lornoar est une fierté pour le Salon de l’Escale Bantoo. C’est la première à avoir adhéré à notre projet. Cinq ans après, nous sommes toujours ensemble. Elle a artistiquement évolué de façon extraordinaire et aujourd’hui elle se positionne comme une voix qui compte sur la scène internationale africaine. C’est vrai qu’elle ne joue pas beaucoup au Cameroun comme tous les autres artistes de son registre, mais Lornoar enchaîne des dates en Asie, en Afrique du Nor...

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