Interview : « Le Japon veut faire de l’Afrique une société résiliente »

Dr Thérèse Elomo Zogo, chargé de cours, Maître assistant Cames à la Faculté de sciences économiques et de gestion de l’université de Yaoundé Il-Soa.

La 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique (Ticad) s’est tenue les 27 et 28 août derniers à Tunis, en Tunisie. Quelles leçons tirez-vous de cette rencontre entre le Japon et l’Afrique ?
Longtemps en marge de l’économie mondiale, l’Afrique montre depuis le début du XXIè siècle des signes de redressement. Elle dispose d’un potentiel économique.    Depuis l’année 2000, la majorité des pays africains affichent une croissance économique positive bien qu’essoufflés ces dernières années par des chocs comme la pandémie du Covid-19 et plus récemment par la crise Ukrainienne. Dotée d’un potentiel naturel, l’Afrique est riche en ressources naturelles (bauxite, phosphate, cuivre, cobalt, fer, uranium, or, diamant), en réserves d’hydrocarbures (gaz et pétrole). Elle est également un gros producteur de bois, coton, café, palme, cacao et détient d’importantes terres cultivables et ressources halieutiques.

Le continent est également doté d’un potentiel démographique. Avec plus de 200 millions d’habitants âgés de 15 à 24 ans, l’Afrique est constituée de la plus forte population de jeunes dans le monde. Au regard de ces atouts, ce continent est convoité par de nombreuses puissances émergentes, mais également par les puissances industrielles qui sont à la recherche d’un approvisionnement notamment en ressources minières et pétrolières pour leur propre marché national. Ces ressources naturelles sont des éléments stratégiques et essentiels de l’attractivité de cette région. Le Japon ne déroge pas à cette règle. Il demeure la troisième puissance économique du monde, et le premier exportateur mondial de robots industriels. Le Japon joue depuis longtemps un rôle clé pour le développement de l’Afrique et ses investissements visent l’amélioration des services publiques et le développement des compétences (développement des énergies renouvelables, amélioration de l’accès aux services de santé, aménagement des transports urbains, développement des ressources humaines, formation professionnelle, etc.)

La 8e Conférence de Tokyo sur le développement de l'Afrique (Ticad) s’inscrit dans le même cadre de travail que le 28e Sommet Afrique-France qui s'est tenu le 8 octobre 2021 à Montpellier en France. Ce sommet représente la continuité de la politique de développement japonaise en Afrique dans le but de promouvoir un dialogue politique entre les dirigeants africains, le Japon et leurs partenaires en matière de développement. Le but est de soutenir un développement mené par les Africains eux-mêmes afin de mieux surmonter les difficultés sociales et économiques considérables causées par la pandémie de Covid-19. Le Japon veut à long terme offrir un soutien supplémentaire dans les investissements pour soutenir les start-ups et le développement durable, renforcer le développement des infrastructures de communication sur le continent et contribuer à résoudre les problèmes de sécurité alimentaire. Il veut faire de cette région une société résiliente, susceptible de résister aux chocs extérieurs, notamment face au changement climatique ou aux effets des crises extérieures.

Le Japon promet la mobilisation de 30 milliards de dollars au profit des investissements en Afrique au cours des trois prochaines années. Quels peuvent être les secteurs prioritaires où devraient être affectés ces fonds ?
Les relations entre le Japon et l’Afrique sont essentiellement économiques. A priori, par rapport à l’aide que la Chine met à la disposition de l’Afrique, on peut penser que ce montant est négligeable. Pourtant, au regard des besoins en développement auxquels fait face la région, tout franc peut aider et la Ticad se concentre sur trois piliers : la société, l’économie, la paix et la stabilité par la sécurité humaine. De manière spécifique, l’allocation des fonds doit donc forcément aller vers les secteurs prioritaires comme l’énergie, la croissance économique durable et inclusive, l’environnement, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, le développement social, l’agriculture, les transport...

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