Interview : « la politique est un jeu permanent de séduction »

Plusieurs hommes politiques se livrent régulièrement à des actions sociales. Comment analysez-vous cette tendance ?
Les entrepreneurs politiques investissent en mobilisant plusieurs répertoires d’actions. Ils arrivent généralement à se construire un capital social en investissant dans le caritatif et l'humanitaire et/ou le social. Il s’agit de se « vendre » et de séduire autrement. Sous ce rapport, investir dans le social, c’est aussi faire du marketing politique par d’autres moyens. En d’autres termes, les actions sociales, tout comme les œuvres humanitaires et caritatives des hommes politiques, participent d’une volonté manifeste de séduction politique dans un contexte où les entrepreneurs politiques recherchent inlassablement des stratégies innovantes de mobilisation des soutiens.

L’investissement dans les œuvres de charité apparaît comme une fenêtre d’opportunités susceptible d’initier une politique d’affection faite de « dons » et de « contre-don ». Cette tendance qui est propre au modèle du politicien investisseur participe d’une politique d’accumulation du soutien par l’option de la redistribution du stock des ressources accumulées par l’homme politique.

Quel est l’effet recherché par les acteurs politiques qui se lancent dans ces œuvres sociales ?
L’homme politique qui investit dans les œuvres sociales travaille sa visibilité et procède à la séduction politique. En effet, la recherche d’un certain nombre de rentes symboliques permet de comprendre les rationalités qui structurent l’investissement social et caritatif des Hommes politiques. L’effet recherché est de présenter ces derniers sous un nouveau visage : celui de quelqu’un qui est sensible aux souffrances humaines. Et cette politique compassionnelle contribue à rehausser la popularité de l’homme politique qui s’y consacre tout en lui garantissant « nolens volens » une sympathie certaine auprès des couches sociales vulnérables bénéficiaires de ses œuvres de charité.