Lettre à mon enseignant
- Par Yvette Mbassi
- 06 oct. 2022 10:12
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Très cher enseignant,
Je ne suis pas certaine que vous puissiez vous souvenir de moi parmi les multiples générations d’élèves et d'étudiants que vous avez enseignés. De mon côté, je me souviens parfaitement de vous. Vos différents visages, tantôt maître ou maîtresse, tantôt professeur de langues, mathématiques et autres sciences, sont restés bien gravés dans ma mémoire toutes ces années. Je me souviens de vos bras chaleureux qui m’ont accueillie dès mes premiers pas à l’école maternelle, de votre voix douce et encourageante m’initiant patiemment au gribouillage, à l’alphabet, aux nombres et aux couleurs. Mes marques ainsi prises, vous m’avez donné le goût de la lecture, me faisant voyager avec vous dans un monde vaste et inconnu à travers vos pérégrinations littéraires. C’est par vous que j’ai découvert Francis Bebey, Mongo Beti, Ferdinand Oyono, Guillaume Oyono Mbia, Bernard B. Dadié, Camara Laye, Amadou Koumba, Victor Hugo, Balzac, la mythologie grecque, la Pléiade. Vous avez assis mes bases en français, anglais, littérature, technologie, histoire, géographie, mathématiques, biologie, chimie, physiques, sport, informatique, philosophie, etc. Cette lettre qui arrive peut-être sur le tard, au lendemain de la commémoration de la Journée internationale de l’enseignant, pour vous dire merci pour l’ensemble de vos œuvres dans ma vie, et dans celle de mes enfants auprès de qui vous avez pris le relais.
Merci cher enseignant, parce que même quand je n’y croyais pas, vous avez cru en moi. Vous vous êtes investi pour que j’y arrive. Vous avez détecté très tôt mes capacités, m’avez conféré des compétences qui ont fait de moi la personne complète que je suis aujourd’hui. Votre aide a été précieuse pour une traversée du secondaire et du supérieur, sans casse. Je ne regretterai jamais votre rudesse à certains moments du parcours. Ces petites tapes sur les doigts ont été nécessaires pour m’éviter d’atterrir en dehors des clous et de décevoir toutes ces personnes qui avaient tant misé sur moi, principalement ma famille. De ce fait, vous êtes à jamais ma conscience. A travers vos regards sévères et vos remarques subtiles pour faire mieux, j'ai navigué dans la vie. Quand je suis tentée d'abandonner, je me souviens de vos paroles, me poussant à recommencer.
Toutes ces années, vous avez été si généreux de votre temps, n’hésitant pas à enchaîner les heures supplémentaires pour me faire travailler davantage lorsque j'ai eu du mal avec le dernier examen. Vous m'avez ainsi montré le chemin du succès et accompagné tout au long. Vos attentes élevées, de classe en classe, m'ont donné confiance en moi. Je ne sais pas combien de fois vous avez passé des nuits blanches à préparer les cours et à corriger mes copies, faisant tout pour trouver un sens à mes écrits. Combien de fois vos poignets vous ont fait mal à cause de tout ce que vous avez écrit. Ou combien de fois votre voix s’est éraillée à force d’expliquer longuement les notions jusqu’à ce que nous comprenions. Combien de fois vous avez dû vous présenter en classe alors que vous n’étiez pas dans votre assiette, souffrant. Pour moi, vous avez parfois dû vous séparer de votre famille, abandonner le confort des villes pour me suivre dans le fin fond des villages, vous assurant que je reçoive une éducation appropriée. Aujourd’hui encore, vous allez par monts et par vaux, sur les mauvaises routes, vivant dans la précarité des zones les plus reculées pour me transmettre vos connaissances. Ainsi, vous êtes continuellement allés au-delà de votre salaire. Jamais, je ne pourrais vous payer pour ce que vous avez fait pour moi, ni pour ce que vous faites de nos jours pour ma progéniture.
Quand je pense au fil à retordre que je vous ai parfois donné avec les devoirs bâclés et les leçons mal apprises, aux ennuis que j’ai causés en troublant vos cours, au manque de respect et diverses frustrations infligées, j’ai honte. Je vous demande pardon pour tous les torts et les peines causés. Pardon pour ces noms d’oiseaux dont mes camarades et moi-même vous avons aff...
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