« Un exercice de suivi-évaluation des décisions est enclenché »
- Par Jeanine FANKAM
- 01 nov. 2022 12:59
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Monique Nsanzabaganwa, vice-présidente de la Commission de l’Union africaine
Madame la vice-présidente, l’une des grosses pesanteurs qui empêchent l’atteinte des objectifs à l’UA demeure la ratification des décisions par les pays membres. Comment comptez-vous inverser la tendance ?
Depuis le mandat en cours, il y a un exercice de suivi-évaluation des décisions de l’Union africaine (UA) qui est enclenché. Cet exercice nous aidera à apprécier le gap entre les décisions prises au courant de la décennie qui vient de s’écouler et celles effectivement mises en œuvres. Le travail ira plus loin. Nous chercherons par exemple à comprendre les raisons qui ont empêché la mise en œuvre dans certains cas. Il sera même question de voir s’il est possible de réhabiliter certaines et même de voir combien sont tombées caduques par le cours du temps. Au début du mois de décembre prochain, nous allons faire le point. La question de ratification par les Etats est spécifique. Nous avons beaucoup d’instruments qui doivent être ratifiés par les pays membres pour être mis en œuvre. Dans la majorité des cas, les Etats ne se pressent pas et ces retards créent des goulots d’étranglement. A travers l’exercice que je viens d’évoquer, la CUA va parvenir à élucider certains déphasages et voir comment rattraper le temps ou même réviser les décisions qui ont été prises. Le suivi de nos instruments nous interpelle. L’auto-évaluation qui a déjà été validée aidera à mesurer le chemin à parcourir et va nous éclairer sur la situation actuelle.
Pourquoi des mesures coercitives ne sont-elles pas prises jusque-là pour obliger les Etats ?
En tant que Union et en tant que Commission, la mesure de coercition qui fonctionne bien concerne la contribution financière des Etats membres. Une partie de la réforme de l’institution a consisté à instaurer un régime de sanctions contre les Etats qui n’honorent pas les obligations financières et leurs échelonnements. Ce volet est opérationnel et constitue une contrainte forte. Des sanctions contre les régimes anticonstitutionnels font parties des mesures qui frappent les contrevenants. Le mécanisme de suspension et de sanctions auquel je fais allusion fonctionne bien. Mais pour la plupart des décisions, qui entrent dans le cadre des stratégies et des objectifs de développement sectoriel, on n’a pas encore ce mécanisme de pression. Toutefois, à travers le système de monitoring et de reporting et à travers certains indices que l’UA produit, l’Organisation parviendra à amener les Etats membres à prendre conscience des défis et du retard. Ce système de pression se construit progressivement. Dans un avenir proche, l’UA passera à une étape supérieure par rapport à la mise en œuvre de ses décisions contre les Etats fautifs.
Vous vous félicitez des contributions financières des Etats. Pourtant les besoins demeurent énormes. Pendant ce temps, le projet de création des institutions financières de l’UA reste plombé depuis près de 10 ans…
La création effective du Fonds monétaire africain au Cameroun, de la Banque centrale au Nigeria et de la Banque africaine d’investissement en Libye demeurent une préoccupation. Ce sont des institutions qui peuvent générer d’importantes ressources propres. Ce projet n’est pas enterré. Nous avouons que c’est l’un des volets de la vision de l’UA qui a accusé un très grand retard. Mais l’Organisation s’est ressaisie. Le président Nana Akufo-Addo du Ghana est passionné par ce projet. Avec les ministres des Finances, les gouverneurs des banques centrales, il est décidé de faire bouger les lignes à ce sujet. Le président du Ghana porte le projet à bras-le-corps. Sous peu, des recommandations vont tomber.
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