« L’adoption d’une loi anti-corruption est nécessaire »
- Par Lucien BODO
- 15 nov. 2022 10:23
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Rev Dr. Dieudonné Massi Gams, président de la Conac.
Le dernier rapport de la Conac indique que le préjudice financier causé à l'Etat s'élève à près de 44 milliards de F. Soit une hausse de 26,3 milliards de F. Qu'est-ce qui peut expliquer cette évolution négative ?
Le rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun de 2020 révélait un préjudice financier subit par l’Etat du Cameroun de l’ordre d’un peu plus de 17 milliards du fait de la corruption. En passant à près de 44 milliards en 2021, ce préjudice augmente de façon vertigineuse. Cette évolution négative s’explique par l’importance des irrégularités constatées dans le cadre de la seule Société de Recouvrement des Créances (SRC) où une investigation de la Conac conduite dans cette entreprise d’Etat pendant trois ans (2014, 2015 et 2016) et pour la période 2011-2014 a révélé de nombreuses irrégularités relatives aux liquidations et mandats, ainsi qu’à la gestion interne de l’entreprise. Au terme des investigations menées par la Conac, ces irrégularités ont fait subir à l’Etat du Cameroun un préjudice financier de plus de 24 milliards. C’est sans aucun doute ce cas qui entraine cette hausse négative forte du préjudice financier général subit par l’Etat du Cameroun en 2021. Mais vous devez savoir qu’il ne s’agit là que de la face visible de l’iceberg. Ce préjudice n’est relatif qu’aux structures contrôlées et dont les enquêtes ont abouti en 2021. Il serait certainement encore plus important si davantage de structures étaient contrôlées au même moment. Ces chiffres sont une indication que l’Etat perd d’importes ressources tous les ans.
La Conac et d'autres administrations mènent diverses activités pour combattre la corruption. Mais d'année en année, on a l'impression que la situation ne s'améliore pas beaucoup. Avez-vous l'impression que le travail de ce combat tel qu'il est mené en ce moment porte véritablement ses fruits ?
La situation serait pire si ces structures qui ont chacune un rôle à jouer n’avaient pas existé. Vous savez que la lutte contre la corruption est un travail de chaîne qui part de la dénonciation en passant par les investigations, la condamnation jusqu’au recouvrement…Cela nécessite l’implication de plusieurs acteurs institutionnels qui travaillent en synergie et en cohérence. Il est vrai que la lutte contre la corruption est un combat de longue haleine mais les lignes bougent véritablement, peut être pas à la vitesse souhaitée par le public mais les petits pas que marque cette lutte d’année en année dans notre pays sont véritablement irrémédiables. Il est établi que le risque de corruption est particulièrement élevé lorsque l’agent public est au contact de l’usager. Plusieurs administrations aujourd’hui adoptent la dématérialisation des procédures. La gouvernance électronique prend progressivement corps. C’est une avancée majeure. Tenez par exemple, à la Délégation générale à la Sureté nationale, la demande des passeports se fait désormais en ligne. Non seulement cela accélère le traitement des dossiers, mais aussi permet d’éliminer les goulots d’étranglement et de réduire la corruption. Il en est de même du paiement d’impôts et taxes en ligne mis en place par le ministère des Finances tout comme la passation des marchés publics en ligne instaurée par le Minmap, l’automatisation du suivi des actes de carrière des fonctionnaires et agents publics au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative, le règlement des cotisations sociales et l’impression de l’Attestation pour soumission en ligne pour la CNPS…
Au-delà de ces faits, nous sommes satisfaits de l’implication d’un plus grand nombre d’acteurs dans la lutte contre ce fléau. Voyez-vous, pour la rédaction de ce rapport, nous avons reçu 96 contributions d’administrations et d’autres structures publiques, parapubliques et privées contre 67 en 2020. La masse-critique d’acteurs positifs engagés dans cette lutte s’accroit de jour en jour.
En dehors des actions réguli&e...
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