Benoît XVI nous parle

Près de dix ans après sa renonciation, le pape émérite Benoît XVI, décédé le 31 décembre 2022 à l’âge de 95 ans, a eu droit aux obsèques dignes mais sobres le 5 janvier 2023 à la Place Saint Pierre à Rome. La messe à des funérailles de celui qui fut le 265ème pape a été présidée par son successeur au trône pétrinien, le pape François devant une nombreuse foule composée de hautes personnalités et de fidèles catholiques venus des quatre coins de la planète. Au regard de sa profondeur spirituelle, ce pontife romain surnommé le « théologien » ou le « pape des messes en latin » semblait être doté d’une forte faculté de prédiction des événements qui ont marqué sa vie. Sa naissance tout comme sa mort était chargée de symboles. L’ancien évêque de Munich en Allemagne voit le jour le 16 avril 1927 (samedi saint) et décède le 31 décembre 2023 (samedi, à la veille de la Saint Sylvestre). Avant de pousser son dernier souffle, il a eu le temps de se tourner vers le « fils de l’Homme ». « Jésus, je t'aime !» : ce sont les dernières paroles qu'il aurait prononcées avant sa mort, selon le quotidien argentin La Nacion, citant des sources bien informées. Onze mois plus tôt, le 8 février 2022, il a publié une lettre de pardon pour les abus sexuels commis pendant qu’il officiait comme pasteur de l’église universelle. Dans cette note, il voit venir la rencontre avec Dieu : « Bientôt, je serai face au juge ultime de ma vie. Bien que, regardant en arrière ma longue vie, je puisse avoir beaucoup de motifs de frayeur et de peur ». Dans son testament spirituel publié le 31 décembre dernier, il écrit : « A tous ceux que j’ai offensés d’une manière ou d’une autre, je demande pardon de tout mon cœur ». Ses restes reposent désormais dans les grottes vaticanes  de la basilique Saint-Pierre où ont été ensevelis ses prédécesseurs.
Le pape Benoît XVI laisse le souvenir à la fois d’un immense intellectuel formé dans la tradition exigeante de l’université allemande et le prêtre catholique viscéralement attaché à l’enseignement magistériel. Sa naissance, sa jeunesse et sa pastorale sont marquées par la deuxième guerre mondiale et la montée du nazisme. Pendant plusieurs années, il a officié comme expert en théologie au sein du concile du Vatican II. Le professeur de théologie qu’était Joseph Ratzinger aura été le fer de lance des grandes réformes au sein de la curie romaine. Nommé préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il a incarné le conservatisme et le dogmatisme de la doctrine catholique. L’on sait par exemple qu’il était étiqueté pour son opposition farouche à l’homosexualité, à l’ordination des hommes mariés ou à l’accès au sacerdoce des femmes. Il a également mené une bataille contre les violences sexuelles dont se sont rendus coupables certains serviteurs de Dieu. Lorsqu’il succède à Jean-Paul II en avril 2005, Benoît XVI place son pontificat sous le signe du dialogue interreligieux mais surtout du dialogue au sein même de l'ensemble de l'église, notamment avec l'église orthodoxe. Il engage courageusement l’église catholique dans une démarche de purification, de vérité et de renouveau face aux abus sexuels et les scandales financiers commis par les clercs. Il est d’ailleurs considéré comme le précurseur dans la lutte contre ces mauvaises pratiques.  A rebours d’une curie soucieuse de protéger avant tout l’image de l’institution, il reconnaît publiquement la gravité des fautes de l’église et multiplie les demandes de pardon. 
L’annonce de sa renonciation le 11 février 2013 alors qu’il a 85 ans, crée un séisme et une ...

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