Archives nationales : notre mémoire collective

Où retrouve-t-on l’histoire de nos institutions ? Ou celle en rapport avec nos carrières et nos vies ? De telles questions pourraient trouver une réponse spontanée, bien curieuse voire choquante. En effet, l’on répondrait paresseusement que tout est sur Internet. Ou plus prosaïquement sur les réseaux sociaux. Il se trouve que les facilités qu’offrent les Technologies de l’information et de la communication ont réduit l’épaisseur des archives, tant dans leur forme physique que par rapport à leur protection. En conséquence, on retrouve tout et rien sur des sites Internet ; des documents confidentiels, des supports au contenu tronqué diffusant des informations approximatives voire fausses. D’où l’urgence et la nécessité d’assurer la protection de nos archives. La problématique était déjà au centre des préoccupations des pouvoirs publics. Une loi régissant les archives au Cameroun, avait été promulguée en 2000. Au sens de ce texte, « les archives sont l'ensemble des documents, quels que soient leur date, leur forme et leur support matériel, produits ou reçus par toute personne physique ou morale, et par tout service ou organisme public ou privé, dans l'exercice de leurs activités. » Une définition suffisamment claire, qui débouche sur la classification des archives (publiques ou privées), et le contenu de celles-ci. Les archives dites publiques sont constituées par les documents qui procèdent de l'activité de l'Etat, des collectivités territoriales décentralisées, des établissements publics et des entreprises du secteur public et parapublic ; les documents qui procèdent de l'activité des organismes privés, chargés de la gestion des services publics ou d'une mission de service public; les minutes et répertoires des officiers publics ou ministériels. Quant aux archives privées, c’est l'ensemble des documents qui n'entrent pas dans le champ d'application ci-dessus évoqué. Cette classification pousse à jeter un regard panoramique dans nos différentes institutions, pour y feuilleter leurs archives respectives, afin de questionner leur conservation. Surtout que, la loi susmentionnée souligne que « la conservation des archives est organisée dans l'intérêt public, tant pour la documentation historique et la recherche, que pour les besoins de la gestion et de la justification des droits des personnes physiques ou morales, publiques ou privées. » En effet, dans plusieurs de nos structures, il existe des services des archives. Ceci en cohérence avec la loi qui prescrit que « les administrations publiques sont tenues de créer en leur sein, des structures de gestion des archive ». Mais nous savons quelle épaisse couche de poussière il faut nettoyer, ou la pénombre d’un sous-sol noyé dans la moisissure qu’il faut braver, pour avoir accès à ces documents. L’image des services d’archives de nos organismes est celle d’un rangement peu rigoureux de vieux parapheurs, soumis à la merci des intempéries, sous « surveillance » des cafards et des souris. Dans les archives et législatives et institutionnelles, la loi N°2000/010 du 18 dec. 2000, une place de choix est réservée aux documents historiques. En effet, « les archives historiques ou définitives sont constituées par les documents qui, au terme d'une utilisation courante ou épisodique, sont conservés en raison de leur intérêt historique. » Bien plus, « les documents d'archives historiques sont de plein droit reversés à l'organisme chargé des archives nationales, qui en assure la conservation. » A ce niveau, l’on rappelle qu’en 1952, la France avait constitué un service d’archives au Cameroun, mais les Archives nationales camerounaises ont véritablement été créées en 2014. Un décret les rattache au ministère en charge du patrimoine culturel. Elles sont installées dans un bâtiment construit dans les années 1930 et qui a servi de bâtiment administratif puis d’imprimerie nationale. Seulement, avec l’érudition et à la culture savante ou aux « vieux papiers », la protection des archives constitue-t-elle toujours une priorité ? Surtout que, les politiques sur la gestion et la conservation de l’information ont longtemps été inexistantes. Ce qui rend encore plus difficile le travail des archivistes puisque les cadres juridiques et réglementaires sont insuffisants et les fonds dispersés. Mais au regard des ambitions exprimées par les pouvoirs publics, à travers le ministère des Arts et de la Culture et certains partenaires au développement, l’espoir est permis. Aujourd’hui, un nouveau bâtiment est en cours de construction pour accueillir les Archives nationales. De plus, un appui de la coopération internationale, notamment avec l’Allemagne, a permis la numérisation de tous les fonds du protectorat allemand conservés aux Archives nationales du Cameroun. Par ailleurs, un plan de sauvetage est mis en place depuis 2017...

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