« La productivité des chercheurs va connaître une grande avancée »

Comment la communauté des chercheurs a-t-elle accueilli le décret du chef de l’État qui apporte des modifications à leur statut ?
C’est avec une grande joie que la communauté des chercheurs des organismes sous tutelle du ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique (Minresi) a accueilli ce nouveau texte qui apporte des réponses importantes et adaptées à leurs préoccupations. Et pour cela, au nom de Mme le ministre et au nom de toute la communauté des chercheurs, nous disons grand merci au chef de l’Etat, qui a offert ce nouveau statut aux chercheurs. 
Pendant longtemps, les chercheurs ont eu des revendications liées, entre autres, à la revalorisation salariale, l’âge de départ à la retraite, le mode de recrutement, etc.

 Quelles sont les avancées dans ce sens à la lumière de ce texte ?
Le nouveau statut du chercheur consacré par le décret présidentiel apporte plusieurs innovations saillantes. Nous avons d’abord le règlement de l’épineuse question de l’âge de départ à la retraite. En effet, l’application du décret n° 80/275 du 18 juillet 1980 portant statut des chercheurs entrainait le départ précoce à la retraite des chercheurs tous grades confondus (à 55 ans). Ce départ précoce privait les instituts publics de recherche de leurs chercheurs d’élite qui, ayant acquis une maturité dans l’exercice de leurs fonctions, migrent vers les corps de métier où les conditions de travail et de rémunération sont plus attrayantes. Ceci se reflète par l’attrait que l’enseignement supérieur du Cameroun ou les structures privées de recherche, nationales ou internationales, ont jusqu’ici exercé sur les chercheurs des instituts publics de recherche. Jusqu’à tout récemment, nous dénombrions près de 200 départs dans l’effectif des chercheurs qui, au total, sont au nombre d’environ 1500. Ce chiffre est largement en deçà des standards internationaux régissant le ratio chercheurs - population. Ainsi, le nouveau texte relève l’âge de départ à la retraite à 65 ans pour les maitres de recherche et directeurs de recherche et à 60 ans pour les chargés de recherche.
Nous avons également la révision de l’échelonnement indiciaire dans les différents grades du corps afin, d’une part, de se conformer aux principes en vigueur régissant l’avancement d’échelon et de classe dans les corps de fonctionnaires et, d’autre part, d’arrimer le corps des chercheurs à celui des personnels de l’enseignement supérieur. Le document précisant l’échelonnement indiciaire est annexé au décret. Le nouvel échelonnement indiciaire dans les différents grades du corps supprime le plafonnement qui existait dans le décret n° 80/275 du 18 juillet 1980 portant statut des chercheurs, et qui constitue un blocage dans le profil de carrière du chercheur. Il y a ensuite le règlement définitif de la question de chercheurs catégoriels. Il faut dire à ce sujet qu’il s’agit d’un problème né du traitement des dossiers de contractualisation de ceux des chercheurs qui, au moment de leur recrutement, étaient en dépassement d’âge limite d’entrée dans le corps. Il s’agit environ de 200 personnes concernées par cette situation. Le texte reprécise aussi les missions du chercheur avec les objectifs de développement national (articles 2 et 3), redéfinit les différentes composantes du corps des chercheurs (articles 5 à 13) et crée des rapprochements entre les chercheurs et les enseignants-chercheurs, pour plus d’efficacité d’action. Ces rapprochements augurent des lendemains meilleurs pour la mutualisation des capacités scientifiques et infrastructurelles au service du développement du Cameroun (article 11). Le texte permet par ailleurs au Minresi d’évaluer des chercheurs dépendant d’autres administrations, mais exerçant comme tels.

Avec tous ces changements, est-on en droit de s’attendre à un frémissement dans les instituts de recherche que compte notre pays en termes de productivité ?
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