« Cette école va offrir une formation adaptée aux interventions extérieures »

Pr Frank Ebogo, géo-stratège, directeur du Laboratoire d’analyses des dynamiques internationales et géopolitiques (Université de Yaoundé II).

Le président de la République a signé lundi dernier un décret portant création, organisation et fonctionnement de l’Ecole de formation aux opérations de maintien de la paix (Efomp). Selon vous, le contexte national et international s’y prête-t-il ?
 La création de l’Efomp survient dans un environnement marqué par une démultiplication des conflits tant internes qu’externes. Cette conjoncture particulière nécessite une bonne projection des forces de maintien de la paix. Cependant, sur le théâtre des opérations, plusieurs contingents étrangers ont été accusés d’exactions envers les civils. Face à ces dérives imputables au déficit de formation des militaires dans le domaine du maintien de la paix, l’Organisation des Nations unies recommande aux Etats de se doter de structures spécialisées. Cette interpellation s’adresse également au Cameroun, dont les forces de défense et de sécurité participent aux opérations de maintien de la paix, notamment en République centrafricaine. Depuis plus d’une décennie, le Cameroun y déploie des contingents constitués de bataillons pour les armées, ainsi que des unités de police et de gendarmerie. L’Efomp répond donc à un besoin particulier exprimé lors des interventions des forces de défense et de sécurité dans de nombreux théâtres.

Quel peut être l’apport de cette académie dans l’architecture de formation actuelle de nos éléments des forces de défense et de sécurité en matière de maintien de la paix ?
Il faut souligner que le militaire est formé dans les centres d’instruction pour défendre la patrie contre les menaces extérieures. Pour ce faire, il est formé au maniement des armes létales et aux techniques de combat. Or, dans le cadre des opérations de paix, il est davantage question de la projection des soldats de la paix, c’est-à-dire des forces qui interviennent pour instaurer ou restaurer la paix. Celles-ci sont, entre autres, chargées de protéger les civils, de surveiller l’application d’un cessez-le-feu, d’assurer les opérations de désarmement et démobilisation des ex-combattants, etc. L’Efomp devrait offrir une formation adaptée aux interventions extérieures, à travers la mise en place des modules intégrant l’initiation au droit international humanitaire et à l’assistance des personnes vulnérables (réfugiés, déplacés internes, enfants).

Il s’agit d’une école directement rattachée au chef d’état-major des armées. Comment interprétez-vous ce choix ?
Deux raisons, au moins, peuvent expliquer le rattachement de l’Efomp au chef d’état-major des armées. La première est liée à l’envergure internationale de cette école. En effet, l’article 4, alinéa 1 du décret précise que celle-ci est chargée de la mise en condition des contingents nationaux et éventuellement étrangers. La seconde raison qui découle est qu’au regard de la structuration de l’état-major des armées, c’est au chef d’état-major des armées que sont rattachées les stru...

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