Ecoles normales d’instituteurs : la nouvelle donne

La formation des élèves-maîtres dans les écoles normales des instituteurs prendra désormais en compte le caractère bilingue de notre pays. Ainsi, à l’issue de la formation, on aura des enseignants capables de dispenser aisément des enseignements dans l’une ou l’autre langue officielle. Sans grande difficulté. C’est le premier constat qui se dégage à la lecture du décret du président de la République signé le 4 octobre dernier. Lequel porte organisation et fonctionnement des écoles normales d’instituteurs. Ce texte vient abolir les dispositions du décret du 9 juin 1980 portant statut des écoles normales, qui était jusqu’ici en vigueur. Il ouvre ainsi un boulevard d’opportunités dans ce secteur et permet au Cameroun de s’arrimer aux standards internationaux en matière d’éducation, notamment sur l’aspect inclusion et spécialisation. Pour CT, ces évolutions majeures sont décryptées par Philémon Ndissara, inspecteur coordonnateur général de l’enseignement normal au ministère des Enseignements secondaires. 

 

Quelles innovations apporte le décret présidentiel portant organisation et fonctionnement des écoles normales d’instituteurs signé le 4 octobre dernier ?
Ce décret revalorise le métier tant dans la diversité et que dans la qualité de la formation offerte. Ainsi, la formation devient holistique et prend en compte la nature bilingue de notre pays. Le texte ouvre également l’ère de la formation inclusive. Ceci est capital pour le respect du droit fondamental à l’éducation pour tout citoyen, quel que soit son handicap. On a par ailleurs l’amélioration de la qualité de l’apprentissage du citoyen camerounais. Désormais, le système éducatif disposera des instituteurs capables de gérer une classe inclusive en tenant compte de la situation de handicap de son apprenant. Le pays disposera aussi des instituteurs capables de dispenser des enseignements, sans discontinuer, dans les deux langues officielles.

Peut-on donc dire que c’est désormais l’ère de la spécialisation ?
Tout à fait. Le décret insiste d’ailleurs sur la prise en compte de la petite enfance, l’éducation inclusive et diverses spécialités dans différents domaines de formation que le pays souhaite offrir. C’est une innovation pour les écoles normales d’instituteurs de l’enseignement général qui offriront des formations à la carte pour répondre aux difficultés d’apprentissage. L’emphase mise dans ce décret sur la petite enfance est extrêmement importante pour les premiers apprentissages de nos enfants dont l’impact n’est plus à démontrer sur la chaîne de leurs acquisitions ultérieures. Ceci correspond exactement à la vision de la nouvelle stratégie du secteur de l’éducation en cours de validation au Cameroun. Sur un tout autre plan, il faut relever que le décret offre une revalorisation de la formation initiale et des compétences professionnelles des instituteurs qui, dorénavant, sont formés pour une période de deux ans, avec comme diplôme de base le baccalauréat. C’est une manifestation de l’ambition du président de la République d’asseoir la formation des instituteurs sur la qualité, tel que cela a été exigé lors du dernier Sommet mondial sur la transformation de l’éducation, en lien avec l’atteinte des objectifs du développement durable du secteur de l’éducation. 

Qu’est-ce cela change par rapport à ce qui se faisait jusqu’ici ?
La formation d’une seule année qu’on offrait aux titulaires du baccalauréat et les autres cohortes était approximative, à la fois sur le plan académique et professionnel. Cette mutation va permettre de mettre désormais un accent sur les compétences professionnelles au détriment de la mise à niveau. La formation au métier va désormais se construire sur la pratique enseignante et la relation didactique. La formation de qualité est également recommandée à la fois pour les évaluations formatives et certifica...

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