Formation professionnelle : gare à l’arnaque !

L’année académique 2023-2024 est sur les rails depuis quelques jours. Sur fond de professionnalisation des enseignements dans les universités, de quête d’une meilleure adéquation entre formation et possibilités d’insertion professionnelle dans l’espace économique. Et plus de 94 000 nouveaux bacheliers doivent s’inscrire dans le supérieur. A cette étape, et dans un contexte marqué par un taux de chômage élevé des jeunes diplômés, beaucoup n’ont qu’un objectif : rentrer dans une filière susceptible de leur assurer un emploi au terme de leur cursus académique. Malheureusement dans la nébuleuse embrouillée des diplômes du supérieur, plusieurs promoteurs de centres de formation et autres Ipes (institut privé d’enseignement supérieur) en ont fait le terreau d’arnaques bien huilées.
Actuellement à Yaoundé, un collectif de parents est sur le sentier de guerre contre un de ces promoteurs. Contre la somme d’un million de F annuel par enfant, son établissement sis à Limbe, région du Sud-Ouest, proposait une formation en Logistique des hydrocarbures. Avec des offres de stages professionnels alléchantes au pays et à l’international, ainsi que des annonces mirobolantes de débouchés tracés après la formation, plus de 200 familles ont mordu à l’hameçon. La formation devait durer trois ans. Au terme de la deuxième année, des curiosités ont commencé à voir jour. Campus scellé, étudiants relogés dans un hôtel de la place puis abandonnés à eux-mêmes sans cours, pas la moindre trace d’un certificat ou d’une attestation de formation, enseignants et promoteur portés disparus. Ce dernier sera repéré quelque temps après à l’Assemblée nationale, où il bénéficie désormais de l’immunité parlementaire. 
Et dire que l’entourloupe de Limbe n’est pas isolée à l’échelle nationale ! Des dizaines de clandestins, à Douala, Yaoundé et les villes secondaires, usent du même mode opératoire pour flouer les familles de jeunes en quête de formations porteuses. Elles n’y laissent pas que des plumes. Imaginez, un million de F par an pendant trois ans. Cela fait trois millions de F. Des ressources que certains jeunes et/ou leurs familles se constituent parfois sur endettement. Et qu’ils pourraient transformer en auto-emploi, en s’installant à compte. Dans le commerce par exemple ou d’autres types d’affaires. Les chantiers sont vastes, les opportunités nombreuses. Par ces temps de vaches maigres et au regard de ce que les arnaqueurs se font de plus en plus ingénieux, ne craignant pas de s’attaquer même à des domaines insoupçonnables, il s’agit pour les candidats aux études et leurs familles d’être circonspects. 
Un adage populaire de chez nous dit qu’« on n’achète pas la poule dans le sac ». En français facile, chers parents soyez un tant soit peu regardants sur les offres de formation qui vous parviennent. Tout ce qui brille n’étant pas or, il est particulièrement indiqué de faire attention aux filières innovantes, ainsi qu’aux cursus ayant à la clé des voyages à l’étranger. Ces précautions sont plus que jamais nécessaires, dans un environnement de professionnalisation dominé par le concept « employabilité ». C’est que celui-ci fait peser sur l’individu la responsabilité de ses difficultés à s’insérer sur le marché du travail, puisque les individus y sont considérés comme les entrepreneurs de leur propre destin.
La pléthore d’offres disponibles actuellement dans le pays, en présentiel ou en ligne, n’est pas entièrement soutenue par des formations qualifiantes normées. D’où ces nombreuses désillusions. La réalisation d’un projet professionnel ne dépend pas seulement des efforts de l’individu, mais aussi des possibilités qu’offre le marché de l’emploi de les concrétiser. Il est donc utile que tout candidat aux études, dans le secteur privé particulièrement, s’assure de l’existence de liens forts et confiants entre l’établissement universitaire et son environnement (entreprises et organisat...

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