« Le SDF joue son avenir avec ce congrès »
- Par Lucien BODO
- 27 oct. 2023 11:33
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Pr. Alphonse Amougou Mbarga, enseignant de science politique à l’Université de Douala.
Les 27 et 28 octobre, le Social Democratic Front (SDF) tient son premier congrès depuis le décès de Ni John Fru Ndi. À quel point ces travaux sont-ils importants ?
Ce congrès se tient certes après le décès du Chairman Ni John Fru Ndi, mais il convient de faire quelques précisions. Tout d’abord, le congrès avait été annoncé longtemps avant le décès de Fru Ndi conformément aux résolutions du NEC et au statuts du SDF. Ensuite, Ni John Fru Ndi avait annoncé son intention de se retirer de la position de Chairman du SDF. Ce congrès aurait consacré et entériné cette attitude s’il était encore de ce monde. Enfin, le SDF était déjà, depuis un certain temps, pratiquement dirigé par l’honorable Joshua Osih, premier vice-président. Le présent congrès va donc intervenir, premièrement, en l’absence de Ni John Fru Ndi qui ne pourra pas officiellement et de visu passer la main. Deuxièmement, à la suite de la débâcle de l’élection présidentielle d’octobre 2018 où le candidat du SDF est arrivé en 4e position. Troisièmement, dans un climat morose lié à la radiation de certains militants du parti. Et, quatrièmement, après un renouvellement et une reconfiguration du NEC et des instances régionales.
Le SDF va donc désormais apprendre à faire sans la figure tutélaire et patriarcale de Ni John Fru Ndi qui a « fabriqué et dirigé » ce parti depuis ce fameux 26 juin 1990. Le SDF, qui a ouvert la concurrence politique au Cameroun depuis le retour au multipartisme, doit lui-même faire face à sa propre vision du politique au moment où les clivages idéologiques sont battus en brèche dans un monde en pleine mutation pour assurer sa propre survie politique. Gauche, droite, social-démocratie, libéralisme ont quelles significations aujourd'hui dans l'émancipation des peuples et la conquête du pouvoir par les partis politiques ? Le SDF devra clarifier certaines positions politiques devant un électorat de plus en plus exigeant et qui aspire à un Cameroun meilleur.
Est-il fondé de dire que l’avenir du parti se joue autour de ce congrès ?
Le congrès d'un parti est un moment essentiel pour faire le point sur sa vie interne et sur le plan national par rapport à ses propres aspirations de pouvoir. Si le SDF s'est donné pour ambitions de conquérir et d'exercer le pouvoir, force est de constater qu'il est loin le temps où il contrôlait les mairies d'arrondissement d'une ville comme Douala ou quand il disposait d'un groupe parlementaire à l'Assemblé nationale. Les résultats des dernières consultations électorales (présidentielle de 2018, législatives et municipales de février 2020) n'ont pas arrangé les choses. D'ailleurs, elles se sont empirées avec la crise interne et les radiations de certains membres. Il apparaît donc évident que le SDF, entre renouvellement et repositionnement stratégique, joue son avenir avec ce congrès. Ce d’autant plus que son bastion électoral est en lambeaux du fait des terroristes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Le SDF doit réapprendre à transcender cette ligne électoraliste s’il veut retrouver ce qui a fait sa force dans les années 1990. Et le congrès devra être suffisamment clair à ce sujet pour sauver le parti de la déliquescence. Les autres partis politiques sont aux aguets pour lui porter un coup fatal ou pour récupérer les dépouilles.
Comment gérer ce rendez-vous afin qu'il ne débouche pas sur une nouvelle crise interne ?
Pour éviter de plonger dans une nouvelle crise, le congrès devrait éviter deux choses essentielles. D’une part, ne pas faire tourner les débats autour de la question des exclus, tant il est vrai que certains congressistes leur seront solidaires. D’autre part, la nouvelle équipe devrait avoir à l’esprit de regarder vers l’avenir et non pas vers les exclus. En effet, le risque est grand de chercher à « ramener à la maison les exclus ». Ce qui pourrait donner l’illusion à ceux qui, depuis un certain temps, essayent de faire vivre le ...
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