Bénin : un vent de décrispation

L’image diffusée sur la télévision nationale béninoise au soir du 27 novembre dernier a été assez saisissante. A l’écran, l’on a pu apercevoir le président Patrice Talon et l’ancien président et désormais opposant, Thomas Yayi Boni, échangeant, l’air détendu dans les salons du palais de la Marina de Cotonou. Sans médiateur étranger… Cette conversation empreinte de convivialité tranchait net d’avec les tristes événements de la crise politique de 2019, lorsque la résidence de l’ancien président de la République avait été assiégée pendant plusieurs jours par les forces de police. Cadjehoun, quartier de Cotonou où réside Thomas Yayi Boni, sera alors libéré de tout dispositif policier à l’issue des négociations entre le président Talon et les chefs traditionnels, ainsi que des cadres de Savè et Tchaourou, ville d'origine de son opposant.
La récente rencontre entre les deux grandes figures de la scène politique béninoise a permis d’aplanir certaines divergences, cause d’un interminable quiproquo entre les deux camps. L’audience accordée par le chef de l’Etat au leader du parti « Les Démocrates » dans la perspective des élections générales de 2026 a été l’occasion de trouver un accord sur la question du fichier électoral, objet de plusieurs années de tension entre pouvoir et opposition. Alors que le leader de l’opposition a été mandaté pour trouver le prestataire devant remplir cette mission, Patrice Talon s’est dit disposé à payer la note au cas où le financement venait à faire défaut. Certes, l’on peut également se féliciter de ce qu’au sortir du tête-à-tête du 27 novembre dernier, le chef de l’Etat ait promis à son hôte de faire libérer dans les tout prochains jours les 82 étudiants incarcérés. Mais, l’opposition maintient la pression. Cette dernière ne cesse de dénoncer l’absence de ses représentants aussi bien au sein de la Commission électorale ...