« L’économie camerounaise a subi des périodes d’instabilité »

Professeur, l’année 2023 a été parsemée par nombreux faits économiques. Lesquels vous auront le plus marqué, de par leur impact sur la vie du pays ?
L’économie camerounaise au cours de l’année 2023 a subi, comme toutes les économies au niveau mondial, des périodes d’instabilité dans plusieurs secteurs. Le secteur de l’énergie a été mouvementé. Il est devenu difficile de passer une journée au Cameroun sans être victime d’une interruption d’énergie électrique. Pour faire face à ce problème, l’entreprise de production et de distribution de l’énergie électrique au Cameroun, soutenue par le ministère de l’Eau et de l’Energie, a travaillé à interconnecter le réseau sud. Par ailleurs, pour maîtriser la consommation des ménages, les abonnements aux compteurs prépayés se sont poursuivis : « Plus de 90% des nouveaux clients du premier semestre 2023 ont accepté la solution prépayée. Ce qui a porté à 32% la part du prépayé dans le parc de compteurs placés dans les ménages, contre 28% en fin 2022 ». 
Pour faire face à l’insuffisance des ressources financières et des subventions de l’Etat, les tarifs de l’électricité aux entreprises ont été revalorisés de 30% depuis janvier 2023, alors que le super, le gasoil et le pétrole lampant utilisés par les industriels, eux aussi, ont vu leurs prix augmenter de respectivement 15,8%, 25,2% et 36,5% depuis le 1er février 2023. Avec pour corollaire une augmentation des coûts des transports. En général, le taux d’inflation est toujours en hausse. Il atteint 8% selon l’INS. 

En parlant justement de l’inflation, elle affiche une moyenne annuelle jamais atteinte jusqu’ici. Quelles sont les mesures à prendre pour atténuer ce phénomène ? 
Trois principales mesures me semblent pertinentes pour juguler le problème de l’inflation. Premièrement, il faut accroître la production agricole nationale. Il s’agit en fait d’accélérer la politique de transformation structurelle de l’économie inscrite dans la SND30 et en cours de mise en œuvre. L’industrie manufacturière est encore peu développée. Deuxièmement, il faut stabiliser la fourniture des produits d’hydrocarbures et de l’énergie électrique, ce qui réduirait les charges des transporteurs et contribuera à stabiliser les prix au marché. Troisièmement, il est important que le Cameroun améliore les infrastructures routières donc les coûts sont d’une grande ampleur dans la structure des dépenses des ménages.  

Du point de vue de l’énergie, les ménages et les entreprises continuent de subir les effets d’une offre insuffisante. Quels leviers peut-on finalement activer pour faire face à une demande sans cesse croissante ? 
Au lendemain de la Coupe d’Afrique des nations 2021, des coupures intempestives d’électricité ont été constatées sur toute l’étendue du territoire national, plongeant des villes entières dans le noir, ralentissant par la même occasion l’activité industrielle. Selon le parc de production de l’énergie électrique au Cameroun, on apprend que la capacité installée, était de l’ordre de 1529 MW en 2020. Elle est répartie entre les centrales hydroélectriques (61,7%) MW, thermiques (24,1%), à gaz (14,1%) et les champs des panneaux solaires (0,1%). La problématique du déficit énergétique se pose alors que seuls 63,5% de la population camerounaise a accès à l’électricité. La demande est estimée à 1379 MW en 2021, pour une offre de 1047 de MW. Soit un déficit d’environ 330 MW. La croissance de la demande est estimée à 7,5%/an. Face à ce gap, une solution idoine et durable serait sans doute de se tourner vers une utilisation plus accrue des énergies renouvelables comme par exemple l’énergie solaire et éolienne. Dans le même esprit, l'énergéticien camerounais qui gère également un pan de la production d'énergie avec ses centrales thermiques justifie souvent le déficit par des probl&egra...