Circulation des gros porteurs : vivement les voies de contournement

L’alerte est venue du maire de la ville de Yaoundé. Un communiqué rendu public il y a quelques jours, sur la régulation de la circulation des véhicules gros porteurs (grumiers, remorques et semi-remorques, camions-plateaux, camions de sables, camions citernes) dans les centres urbains. En clair, Luc Messi Atangana qui s’appuie sur une lettre circulaire portant encadrement de la circulation des véhicules dans les centres urbains, signée le 16 octobre 2014 par le ministre des Transports, rappelle aux propriétaires desdits véhicules que leur circulation est interdite sur les voiries urbaines de Yaoundé entre 6h et 21h, tous les jours à l’exception des week-ends. Par voie de conséquence, enfreindre cette règle entraîne des sanctions. Pour le cas d’espèce, il s’agit de la saisie du véhicule pour la fourrière municipale. Et tant pis pour le « sort » qui sera réservé aux « véhicules saisis ». Le maire décline la responsabilité de la municipalité. 
A première vue, l’on salue le sens de la responsabilité de la municipalité. Car, il s’agit évidemment d’une mesure préventive, après demultiples accidents souvent mortels dans les centres urbains. L’on sait bien le risque qu’il y a souvent eu à croiser sur son chemin un gros porteur, sous la pression de la livraison d’un produit marchand. Les conducteurs parfois sans scrupule qui violent tous les codes de la route, et brûlent toutes les civilités. Tout automobiliste avisé sait parfois ce qu’il faut faire : céder le passage. Dans le même axe, les dispositions rappelées par le maire de la ville de Yaoundé évitent des engorgements interminables sur les axes urbains. Car des clichés d’actes inciviques enregistrés au centre-ville ont souvent eu pour acteurs principaux, ces conducteurs d’engins lourds. Avec des conséquences dramatiques. Plusieurs heures sur place, pour cause d’embouteillages et d’accidents. En son temps, l’ex-délégué du gouvernement de la Communauté urbaine de Yaoundé, Nicolas Amougou Noma de regrettée mémoire, avait parlé de « l'indiscipline de certains conducteurs d'engins routiers, de véhicules lourds et à remorques, qui encombrent fréquemment la circulation en plein jour, et causent parfois des accidents graves au centre-ville… »
Dans d’autres grandes métropoles comme Douala, les mesures similaires ont été prises. L’on se souvient qu’en mai 2021, le préfet du Wouri avait pris une note pour « interdire la circulation des engins lourds entre 7h et 21h sur l’axe allant du pont de la Dibamba au carrefour Marché des fleurs ». Ce couloir névralgique, qui relie la pénétrante Est de Douala au port autonome, est celui qu’empruntent au quotidien des centaines de camions qui évoluent sur les corridors Douala-Bangui et Douala-Ndjamena. Le Tchad et la République centrafricaine représentent en effet 70 à 75% du trafic de transit de marchandises au Cameroun et environ 90% des mouvements d’hommes et véhicules impliqués dans ces échanges. En plus de réduire les accidents routiers, la mesure avait également pour effet de décongestionner la circulation dans cette ville tentaculaire de plus de 3 millions d’habitants qui connait des bouchons énormes aux heures de pointe. A Ebolowa, le gouverneur de la région du Sud s’était déjà penché sur la question, en prenant une décision dans ce sens. En 2020 notamment, la circulation des engins lourds dans les limites de la région du Sud, en l’occurrence sur les axes Sangmelima-Mbalmayo et Ebolowa-Mbalmayo pour la période allant du 12 au 13 novembre, avait été interdite.  
Mais après avoir évacué ces préoccupations d’ordre social et humain, qui justifient largement que les autorités municipales et/ou leur tutelle prennent des décisions pour limiter les dégâts, l’autre versant du problème subsiste : les pertes enregistrées par ces opérateurs économiques. En effet, comme on peut le constater, les engins lourds constituent d’importantes ressources pour l’économie du pays. Et donc, interdire l’activité à un transporteur pendant une journée ne fait pas sourire ce dernier. Il est donc utile de leur offrir des voies de contournement. C&rsquo...