Arnaque et escroquerie : vigilance accrue

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais était-il « foiré » au point de lancer une collecte de fonds par Orange Money, en vue de l’organisation d’un congrès ? C’est en tout cas cette impression de détresse financière donnée par des faussaires, à travers une curieuse « lettre-circulaire relative aux Opérations de collecte de fonds en vues (cette orthographe est des auteurs), de l’organisation et de la tenue du prochain congrès du RDPC ». Dans ce « document », l’on apprend que « la collecte des fonds qui vise fondamentalement l’organisation et la tenue du congrès du parti, est incontournable et impératif ». Autrement dit, « le président national, SE Paul Biya, attache du prix au respect scrupuleux de ces directives ». Dans cette ingénierie du mal, les « experts » ont mis à disposition une série de numéros « uniquement pour dépôts et non pour appelle ». Une précision de taille qui affiche clairement les ambitions dolosives de ces vaillants organisateurs du congrès d’un autre genre.
Heureusement que la veille est permanente au RDPC. Immédiatement après le lancement de cette « quête », le parti a sonné l’alerte. Le secrétaire à la communication du Comité central, le Pr. Jacques Fame Ndongo, a apporté le démenti musclé. « Une fausse lettre circulaire relative à des prétendues opérations de collecte des fonds en vue de l’organisation et de la tenue d’un congrès du RDPC, est actuellement en circulation sur les réseaux sociaux et a été adressée à certaines personnalités. Le secrétaire général du Comité central tient à informer les militantes et militants du RDPC, amis et sympathisants ainsi que l’opinion publique, qu’aucune activité de collecte des fonds n’est ouverte en ce moment ni au secrétariat général du Comité central du RDPC, ni ailleurs au sujet d’un congrès du parti qui n’a d’existence que dans l’imaginaire de l’auteur de la fausse lettre circulaire », lit-on dans le communiqué signé par Jacques Fame Ndongo. Bien plus, le secrétaire général du Comité central du RDPC a invité « au discernement et à la vigilance de toutes et de tous, face à ces pratiques malveillantes visant non seulement à ternir l’image du Parti, mais surtout à abuser nos camarades et autres amis du RDPC ». Dans le même temps, les auteurs et complices de ces pratiques s’exposent à des poursuites judiciaires et à l’application de la loi dans toute sa rigueur. « Enfin, le secrétaire général du Comité central met en garde les auteurs de ces correspondances, qui doivent se tenir prêts à répondre de leur forfait devant les juridictions », écrit le secrétaire à la communication.
L’on se trouve incontestablement dans une irréversible dynamique de vice, favorisée par la pénétration d’Internet et le développement des réseaux sociaux et autres moyens mobiles de transfert d’argent comme corollaire. En effet, il est désormais récurrent que des internautes tombent dans la nasse des utilisateurs véreux des réseaux sociaux, qui se passent pour de hautes personnalités. L’actualité nous a d’ailleurs servi, il y a quelque semaines, tout un « directeur du cabinet civil » arnaqueur, qui avait réussi l’exploit de vendre le vent à plusieurs internautes pour obtenir de l’argent. Il avait également pu extorquer de l’argent à plusieurs hautes personnalités de la République, avant d’être démasqué. A côté de lui, plusieurs « ministres » existent sur la toile. Entre ceux qui promettent des recrutements à travers des recommandations et ceux offrant des nominations à d’importants postes, tout y passe, face à la crédulité des internautes ou des usagers de la téléphonie mobile.
Le mal prend de l’ampleur en période de concours d’admission à de grandes écoles. Chaque année, ce sont plusieurs « commissaires de police », « colonels » et autres « proches collaborateurs du ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative » qui écument des plateformes numériques, pour offrir leurs services d’arnaque et d’escroquerie. Et parfois, malgré les mises en garde répétées de ces institutions, des victimes se comptent par dizaines.  D’autre part, aucune occasion n’est mauvaise pour appâter. Même les deuils sont mis à contribution pour gagner indument de l’argent. Il suffit à cet effet qu’une haute personnalité décède pour qu’une commission virtuelle de collecte de fonds se mette rapidement en place. Par appel téléphonique, votre interlocuteur au bout de la ligne vous informe qu’il a reçu de « hautes instructions » pour vous...