« Le parti au pouvoir pourrait perdre sa majorité »
- Par Sainclair MEZING
- 29 mai 2024 10:42
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Dr. Serge Christian Alima Zoa, internationaliste, Centre de recherche et d’études politiques et stratégiques (CREPS) de l’université de Yaoundé II-Soa.
Ce mercredi 29 mai 2024 se tiennent en Afrique du Sud des élections générales avec pour principal enjeu la désignation par le parti majoritaire du futur président de la République. Quel commentaire suscite en vous ce scrutin au terme d'une campagne électorale palpitante ?
L'Afrique du Sud organise des élections nationales cruciales ce mercredi 29 mai, alors que les sondages montrent que le Congrès national africain (ANC) au pouvoir pourrait perdre sa majorité pour la première fois depuis qu'il est arrivé au pouvoir il y a 30 ans. Un peu plus de 27 millions de personnes sont inscrites sur les listes électorales pour ce qui n'est que la septième élection nationale entièrement démocratique du pays depuis le démantèlement de l'apartheid. Soixante-dix partis politiques sont inscrits pour le scrutin, le plus grand nombre jamais enregistré, et les candidats indépendants sont autorisés à se présenter pour la première fois. L’économie la plus développée d'Afrique est confrontée à une myriade de problèmes notamment d'un taux de chômage record, l’un des plus élevés au monde, d'une crise de l'électricité qui entraîne des pannes paralysantes pour les foyers et les entreprises, et d'une méfiance généralisée des électeurs à la suite d'une série d'allégations de corruption au fil des ans. Le PIB n'a augmenté que de 0,6 % en 2023. Plombé par la faillite des services publics, le pays est le plus inégalitaire au monde selon la Banque mondiale. Les lacunes du système éducatif héritées de l’apartheid persistent. Plusieurs investigations prédisent une bérézina du parti qui pourrait passer sous la barre des 50% des voix pour la première fois depuis qu'il a remporté les premières élections multiraciales d'Afrique du Sud en 1994. S'il perd sa majorité, l'ANC devra former une coalition pour rester au gouvernement et maintenir Cyril Ramaphosa, à la présidence pour un second et dernier mandat de cinq ans.
Au regard de ce tableau, est-ce à dire que l’ANC est en ballotage défavorable ?
Longtemps associé au combat contre le régime d’apartheid, l’ANC profite de moins en moins de la rente liturgique mémorielle. Désormais, plus de la moitié de la population n’a pas connu l’apartheid et n’a pas voté en 1994. Beaucoup de jeunes en âge de voter n’ont pas cohabite? avec l’apartheid ou la période qui lui a immédiatement succédé?, étiolant ainsi le récit national de libération du parti créé en 1912. L’autre moitié, les anciens qui ont fait la queue pour aller déposer leur bulletin de vote en 1994, se souvient du 27 avril comme d’un espoir déçu. Les forces de sécurité ont déclaré que « des menaces » ont été identifiées, mais qu’une « tolérance zéro » sera appliquée contre toute tentative de troubles lors de ces élections où les Sud-Africains voteront également pour la composition des assemblées législatives provinciales dans les neuf provinces de ce pays. La longue domination de l’ANC fait qu’il lui est difficile d’échapper aux coups de bourdon de l’opinion relativement a? sa responsabilité? inhérente aux griefs populaires. L’usure de l’assiette électorale de l’ancien mouvement de libération trouve également son explication dans le changement générationnel. La structure politique qui a conduit l’Etat, pourtant tombée en quenouille, est restée la même. Elle a généré? une certaine monotonie qui a considérablement nui a? toute possibilité? d’innovation, de transformation ou d’alternative porteuses de renouveau. De plus, la faiblesse de l’opposition avait créé? chez les leaders de l’ANC une confiance exagérée contre toute possibilité? d’atteinte a? leur domination sur le landerneau politique sud-africain. La durée au pouvoir et l’absence d’horizons de changement ont fini par élimer l’ANC et quasiment annihiler en son sein toute volonté? ou désir d’amélioration. En revanche, le parti s’est davantage investi dans des luttes personnelles et internes mettant les uns face aux autres dans un maelstrom de rivalités pour le pouvoir dont l’acmé a incontestablement été l’affrontement politique en 2018 entre Cyril Ramaphosa, l’actuel président, et Jacob Zuma, provoquant d’ailleurs l’exclusion de ce dernier. Bien plus, l’ancrage dans le pouvoir sud-africain avait installé? les leaders de l’ANC dans un sentiment confortable d’impunité? qui, combine? avec la cupidité? de certains membres, avait nourri leur corruptibilité, notamment dans l’affaire de collusion avec les frères Gupta en 2017 qui s’est mue en scandale, entamant ainsi profondément la confiance des électeurs. En conséquence de la vacuité et de l’aporie de son leadership, le parti qui gouverne seul depuis 1994 risque cette fois d’être oblige? de gouverner avec une autre formation politique après ce scrutin.
L'opposition peut-elle créer la surprise ?
La principale opposition, avec comme chef de file Johan Steenhuisen, est l...
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