Interview : « L’action est concertée avec tous les ordres professionnels de la santé »

Dr Rodolphe Fonkoua, président de l’Ordre national des médecins du Cameroun.


L’Ordre des médecins annonce que seules des ordonnances remplissant certaines normes seront servies dans les officines à compter du 1er juillet prochain. Est-ce à dire qu’il sera désormais interdit d’acheter le moindre médicament, le Doliprane par exemple, sans ordonnance ?
Dans tous les pays du monde, il y a des médicaments qui sont livrés sans ordonnance. Le Cameroun ne va pas faire une exception. Il appartient à l’Ordre des pharmaciens de faire la liste de ces médicaments et je crois qu’elle est déjà en cours d’élaboration. Donc, ce n’est pas tous les médicaments qui seront frappés par cette mesure.
 

Comment allez-vous procéder pour faire appliquer cette mesure, étant donné qu’elle implique un autre secteur que vous ne contrôlez pas forcément : les pharmacies ?
L’action que nous menons est concertée avec tous les ordres professionnels de la santé, à savoir les chirurgiens-dentistes et les pharmaciens. Le communiqué que nous avons rendu public ce 30 mai, nous l’avons également transmis aux différents ordres de la santé. Nous cheminons avec les pharmaciens et ces mesures ne peuvent pas être appliquées si ces derniers ne jouent pas le jeu. Les trois ordres professionnels travaillent main dans la main.
 

Nous évoluons dans un contexte marqué par la corruption. Qui va contrôler les pharmacies pour s’assurer qu’elles ne continuent pas de vendre des médicaments sans ordonnance ?
Les pharmaciens sont des cadres de la santé tout comme les médecins et les chirurgiens-dentistes. Nous avons tous prêté serment de soigner nos patients selon les règles de l’art. Notre pays ne doit pas être en marge de ce qui se passe ailleurs. Je ne suis pas pessimiste, mais chaque officine est tenue par un pharmacien, même s’il y a des collaborateurs qui sont leurs assistants. Je crois que prenant en compte l’importance de cette mesure salutaire, chacun va jouer sa partition.
 

Cette mesure ne va-t-elle pas davantage pousser les populations, dont on connaît l’addiction à l’automédication, vers les médicaments de la rue ?
Quand les gens viennent vers les officines, est-ce qu’ils bénéficient des consultations ? La prescription médicale dans la formation du médecin est la dernière matière qu’on enseigne. C’est pour ça que cette matière que nous appelons la thérapeutique est enseignée en dernière année des études médicales, parce qu’il faut savoir poser un diagnostic pour pouvoir soigner. Le vrai problème en médecine n’est donc pas le traitement, mais plutôt le diagnostic. Donc je ne crois pas que cette mesure va amener la population à ne plus fréquenter les pharmacies. Pour illustrer ce que je viens de dire, il y a environ cinq ou six mois, nous avons connu dans la ville de Douala, une vague d’insuffisance rénale chez les nouveau-nés (six mois à trois ou quatre ans), et c&rsquo...

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