« Le vivre ensemble est un construit »

Dr Léopold Ngodji, socio-sémioticien, enseignant à l’Université de Garoua.

Qu’est-ce qui explique la persistance des conflits intercommunautaires au Cameroun ? 
Les conflits intercommunautaires ne naissent pas aujourd’hui. Ils sont le fait des rencontres des peuples et surtout de la différence. Notons que chaque fois que deux personnes ou communautés occupent le même territoire ou alors s’inscrivent dans une logique frontalière, chacune d’elles va chercher à marquer son territoire pour des questions vitales et d’existence. C’est pourquoi, chaque fois que reviennent les questions d’intérêts et de protection d’un patrimoine, des acteurs en situation jaillissent des conflits multiformes. Notons également que les relations humaines en communauté sont caractérisées par des crises latentes. C’est donc un incident ou alors un événement qui permet à ces conflits latents de rentrer dans l’agenda des acteurs en présence. Et les communautés dans ces circonstances n’ont rien d’autre que d’exprimer leur orgueil pour se protéger ou défendre/réclamer ce qu’elles pensent leur revenir de droit.


Comment comprendre que plusieurs zones du pays soient un exemple de vivre-ensemble alors que dans d’autres, ces conflits ressurgissent régulièrement ?
La vie en communauté est foncièrement conflictuelle. Et puis, rappelons que ce que l’on appelle le vivre-ensemble est un construit, c’est-à-dire quelque chose qui s’apprend, se nourrit, se cultive. Maintenant, les contextes étant différents et chaque espace ayant ses réalités socio-anthropologiques, historiques ou socio-politiques, il y a donc lieu de chercher les causes et les origines de chaque conflit intercommunautaire à l’aune de ces déterminants. Vous verrez que ces conflits ne se ressemblent pas et ne charrient pas les mêmes problématiques du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest.

Pensez-vous que les pouvoirs publics en font assez pour mettre un terme à ces crises qui, quelques fois sont meurtrières ? 
Le rôle de l’Etat est de gérer les problèmes de son territoire. C’est pourquoi l’Etat est né et y trouve toute son essence. Si les problèmes n’existaient pas dans la cité, l’Etat n’aurait pas de sens. Au Cameroun, l’Etat, à partir de ses démembrements et de ses représentants sur le territoire, mobilise des ressources qu’il détient pour essayer de trouver des solutions pérennes à ces crises. Les forces de sécurité y jouent également un rôle continu en fonction des orientations que prennent ces conflits. Les autorit&e...

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