« Ce sont surtout les coûts qui posent problème »

Où sont passés les céréales de la région de l’Extrême-Nord?
D'après les normes de consommation reconnues internationalement par la FAO, un individu doit consommer environ 200 kilogrammes de céréales en moyenne par an pour pouvoir combler ses besoins nutritifs annuels. Et sur la base de la taille de la population de la région de l’Extrême-Nord, le besoin céréalier global, c’est-à-dire, riz, sorgho, maïs et mil, est estimé autour de 950 000 tonnes. Lorsqu'on fait le bilan de la production céréalière de la région pour la campagne précédente, elle est de 1 250 000 tonnes. Et si on essaye de faire les extraits, nous nous retrouvons avec disponibilité nette apparente de près de 1 052 000 tonnes. Donc on va dire un surplus céréalier de près de 90 000 tonnes. Ça veut dire que la couverture céréalière de la région pour la période des calculs en cours c’est-à-dire octobre 2023-novembre 2024 est estimée à 13 mois. Ça veut dire que la production céréalière de la région est suffisante pour couvrir les besoins des populations de la région de l’Extrême-Nord. 

S’il y a excédent, pourquoi le sujet de l’insécurité alimentaire revient-il dans les échanges des populations ?
Il faut retenir qu’il y a cinq étapes qui vont de la phase une qui est la phase d’embellie à la phase cinq qui est la phase de famine. Pour ce qui est de la phase cinq qu’on peut qualifier de phase catastrophe, si on peut l’appeler ainsi, elle est la phase ultime, à ce niveau c’est déjà la famine. Ici, tous les systèmes de production et d’approvisionnement sont pratiquement à nu et n’existent plus. Les populations dépendent uniquement des appuis extérieurs pour pouvoir satisfaire leurs besoins. Et je pense qu’au Cameroun, nous n’avons pas encore eu à traverser cette phase. Pour ce qui est de l’Extrême-Nord nous sommes entre les phases deux et trois. Pour la période de soudure en cours, nous sommes au niveau de la phase trois. Voilà pourquoi nous ressentons une pression énorme sur la disponibilité apparente qui est en train de chuter en attendant que les cultures de saison de pluies puissent être disponibles sur les marc...