« L’Afrique demeure le seul continent ne disposant pas d’un membre permanent »

L’intégralité de la déclaration du chef l’Etat lue par le ministre des Relations extérieures à l’occasion du Débat général de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le 27 septembre 2024

« Monsieur le président,

Je m’honore de prononcer devant cette auguste assemblée, l’allocution intégrale que S.E Paul Biya, président de la République du Cameroun et chef de l’Etat, m’a autorisée à délivrer en son nom.

Je cite :  

“Je me permets tout d’abord de vous adresser à nouveau mes chaleureuses félicitations pour votre élection à la présidence de cette 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Votre accession à cette haute fonction fait la fierté de votre pays, le Cameroun, de l’Afrique et de la satisfaction de la communauté internationale.

Je voudrais exprimer toute notre reconnaissance aux Etats membres qui ont soutenu votre candidature en vue de votre élection, en particulier ceux d’Afrique qui vous ont désigné à l’unanimité comme candidat de notre continent.

Je salue le travail et les réalisations de votre prédécesseur, l’ambassadeur Dennis Francis de Trinidad-et-Tobago, qui a su conduire avec engagement, les travaux de la 78e session de l’Assemblée générale.

Je saisis enfin cette occasion pour réitérer l’appui et l’appréciation du Cameroun au secrétaire général, Monsieur Antonio Guterres, qui, malgré les nombreuses contingences auxquelles notre monde est confronté en ce moment, s’investit sans relâche pour l’avancement des idéaux, des buts, des principes de la Charte des Nations unies et le rayonnement de notre organisation commune.

 

Monsieur le président,

Vous avez choisi de placer au centre de cette 79e session du Débat général, le thème qui vise à ne laisser personne de côté, à agir ensemble pour l’avancement de la paix, du développement durable et de la dignité humaine en faveur des générations présentes et futures. Ce thème traduit, il faut le souligner, l’impératif et l’urgence d’une action commune, dans un environnement international difficile et complexe, à la fois aux plans des défis et des opportunités. 

Au rang des défis, il y a lieu de relever que notre maison commune, la planète terre, est victime d’un dérèglement climatique extrême qui menace la survie physique de certains pays, des zones forestières et côtières dans différentes régions du monde.

Les pluies diluviennes et les inondations dévastatrices subséquentes, comme on en a vu ces derniers mois en Afrique, en Europe et en Asie, les canicules, les glissements de terrain en sont les manifestations les plus visibles, certains pays les subissant plus que d’autres. Aujourd’hui, les déplacés climatiques sont désormais aussi nombreux que les réfugiés et les déplacés internes, victimes de guerre. Ce n’est plus une simple vue d’esprit, mais bien une réalité quotidienne douloureuse ici et là.

Nous avons pourtant convenu d’un ensemble de mesures pour combattre ces fléaux, dans l’Accord de Paris ainsi que dans de multiples autres engagements ultérieurs.

Le Cameroun, Etat partie à cet accord et qui appartient au grand massif forestier du bassin du Congo, ne ménage aucun effort dans la recherche de solutions pertinentes en concertation avec les pays riverains, a la crise climatique mondiale actuelle. En conséquence, il lance un pressant appel afin que les mesures communément adoptées dans l’Accord de Paris soient effectivement appliquées, sans obstacles et sans délais.

Il reste malheureusement que les moyens financiers et technologiques, qui constituent les principaux ressorts de mise en œuvre de cet accord, aient été, jusqu’ici, mobilisés de manière parcimonieuse.

 

Monsieur le président,

A cette crise du climat, viennent s’ajouter des conflits et foyers de tension, anciens ou nouveaux qui n’épargnent aucune aire géographique. Sahel, Soudan, Gaza, Liban et Ukraine, en sont les exemples les plus illustratifs.

Une telle situation alimente la course aux armements, y compris dans l’espace, dans les mers et les océans. Elle alimente également une utilisation de plus en plus grande des armes de petits calibres ou de destruction massive. Enfin, elle constitue une forte menace de recours à l’emploi des armes nucléaires.

Elle occasionne aussi des tensions géopolitiques, des rivalités de toutes sortes, et la méfiance entre les Etats qui font peser la menace à la paix, à la sécurité et à la stabilité internationales. Si rien n’est fait dans l’urgence, nous pourrions être contraints de vivre à nouveau, dans un avenir proche, une autre période sombre de l’histoire de l’humanité, comme ce fut le cas au début du 20e siècle. 

Pour le Cameroun, il importe de renverser au plus vite cette tendance. Nous devons le faire pour nous affranchir de la guerre et de ses fléaux afin de préserver les générations futures au regard des idéaux défendus par les pères fondateurs des Nations unies.

Mon pays reste convaincu de ce que le recours au dialogue, à la concertation, au consensus, à la diplomatie préventive, à l’instauration des mesures de confiance, doit toujours prévaloir pour garantir une paix durable dans notre monde.

Pour cela, nous devons procéder à une réforme du Conseil de sécurité en vue de nous assurer qu’il continue à remplir pleinement son mandat originel d’organe principal de maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

Etant donné que l’Afrique demeure à ce jour, le seul continent ne disposant pas d’un membre permanent au sein dudit conseil, il devient impératif et urgent que cette injustice soit corrigée et que notre continent puisse disposer à juste titre, d’une représentation équitable en qualité de membre à part de cet important organe. Ceci appelle l’octroi de deux sièges permanents avec droit de veto et de deux autres sièges additionnels non permanents.

 

Monsieur le président,

Lorsque nous avons adopté le document intitule le « Futur que nous voulons », ainsi que les objectifs de développement durable à l'horizon 2030, nous avions voulu engager une bataille décisive contre le sous-développement. 

Il y a quatre années, lors de la célébration du 75e anniversaire des Nations unies, nous avons pris de nouveaux engagements, réaffirmant que les objectifs de développement durable sont notre plan d'action, dont l’application est une question de survie.

Alors que nous nous rapprochons de l'horizon 2030 que nous nous sommes fixés, il y a lieu de constater que les résultats escomptés sont loin d'être atteints comme l'attestent divers rapports d'étape présentés par le secrétaire général.

Comme nous l’avons observé plus haut dans le cas de l'Accord de Paris pour la sauvegarde de la planète, les moyens financiers et technologiques de mise en œuvre ne sont pas pleinement mobilisés. C'est pourquoi le Cameroun en appelle à une volonté politique renouvelée et une action plus décisive pour surmonter cette situation. 

Le nouveau Programme de Doha pour les pays les moins avancés, celui d’Antigua et Barbuda pour les petits Etats insulaires en développement, celui concernant les pays enclavés qui va être adopté a la prochaine conférence de Gaborone au mois de décembre, l'Agenda 2063 de l'Union africaine, avec sa deuxième décennie des priorités, la Zone de libre échange continentale, constituent, il nous semble, des cadres d'orientation et d'incitation au développement des pays les plus pauvres qu'il convient de mettre activement en œuvre, si on ne veut  « laisser personne pour compte »

A ce sujet, le Cameroun, a engagé un certain nombre de projets structurants dans les domaines de l'énergie, des infrastructures de transport, de communication et télécommunications, des industries extractives et de transformation et bien d’autres secteurs, visant son émergence à l'horizon 2035. 

Des plans, des projets et programmes de relève et de reconstruction, ainsi que d'actions humanitaires ont été mis sur pied pour répondre aux besoin...

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