Marché à bétail de Yaoundé : un voisinage à problème

Encastré dans une zone résidentielle à la lisière des arrondissements de Yaoundé Ier et V, l’espace marchand est devenu une source de conflits entre bergers et riverains.

« Il ne manquait plus que ça ! », rouspète Alain Hervé N., jeune opérateur économique. Déjà en retard pour deux importants rendez-vous d’affaires, il se retrouve coincé ce lundi matin au lieu-dit « Rails abattoir » par… un troupeau de bœufs. Nous sommes entre les arrondissements de Yaoundé V et Yaoundé 1er. En un temps record, un embouteillage monstre se forme. Difficile pour les automobilistes, les motocyclistes et même les piétons d’avancer. Il y a même là des candidats aux examens officiels inquiets d’être en retard. Sur la route, deux imposants troupeaux de bœufs évoluant dans le sens Nkol Mbong-Etoudi croisent trois autres allant dans le sens inverse. Malgré les coups de bâton que leur administrent les bergers pour les discipliner et fluidifier la circulation, les bêtes n’en font qu’à leur tête. Ce qui a le don d’exaspérer les autres usagers de la route. « Vous cherchez même quoi avec vos animaux là ?!? », lance un automobiliste appuyant bruyamment sur son klaxon pour se frayer un chemin. Avec son coup d’accélérateur, il manque de peu d’écraser un berger et un conducteur de moto. Les insultes pleuvent, la tension monte. « Ça, c’est la sorcellerie ! vous attendez seulement le matin pour sortir vos bœufs là ? C’est même comment avec vous ?!? », invective un passant qui se plaint de la bouse de bœuf et autres salissures sur ses souliers. 
Pour les habitants de cette vaste zone qui s’étend du marché à bétail, à quelques encablures d’Etoudi dans l’arrondissement de Yaoundé 1er à Soa, dans le département de la Mefou et Afamba, en passant par Nkol Nkondi dans le Ve arrondissement et Olembe, des scènes de ce type ne semblent plus sortir de l’ordinaire. « Ma prière quand je sors le matin est de ne pas tomber sur un troupeau de bœufs. C’est tellement incommodant, surtout avec des bergers qui ne se dérangent pas pour la gêne occasionnée. La nuit c’est encore plus dangereux : au détour d’un virage, vous pouvez vous retrouver nez-à-nez avec les bœufs. Bonjour les dégâts ! », relève dame Marie Danielle O. En effet, les accidents de la voie publique occasionnés par les troupeaux ou un taureau fou échappé sont légion. « En début d’année, une dame enceinte et un conducteur de moto ont fini piétinés sous les sabots d’un bœuf au carrefour Nkol Mbong. Le conducteur de la moto est décédé sur place ; la dame à l’hôpital », témoigne un habitant. Selon de nombreux autres, il ne se passe pas de semaine sans accident dû aux troupeaux. « Ça devient très inquiétant, surtout pendant l’année scolaire avec les enfants qui se retrouvent régulièrement seuls sur les routes », se plaint sieur Onana B., père d’enfants en bas âge et scolarisés dans le coin. 
Les habitants dénoncent de nombreux autres désagréments. Chez les Onambele, cela fait quatre jours que l’on n’ouvre pas les fenêtres à cause de la puanteur ambiante. Tout visiteur note en effet l’odeur nauséabonde qui prend à la gorge dans le quartier. Au point où les personnes averties arborent des cache-nez. Les autres se bouchent les narines avec la main, crachent régulièrement par terre et se dépêchent de quitter les lieux. « Je ne sais pas à quoi est due cette puanteur. Mais elle provient de l’abattoir et ça p...

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