« Des actions concrètes pour renforcer les infrastructures industrielles »
- Par Junior MATOCK
- 01 nov. 2024 10:41
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Pr. Fuh Calistus Gentry, ministre par intérim des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique.
Monsieur le ministre, vous avez effectué la semaine dernière une descente dans certaines entreprises industrielles du Littoral et du Sud-Ouest. Qu’est-ce qui a motivé cette visite en ce moment ?
Cette mission s'inscrivait dans le cadre du suivi des projets industriels majeurs accompagnés par le ministère des Mines, de l'Industrie et du Développement technologique (Minmidt). Ces visites avaient pour objectif principal de s'assurer du bon déroulement de la mise en œuvre desdits projets et de renforcer l’accompagnement des opérateurs économiques pour améliorer la productivité des unités de transformation. Il est important de préciser que le suivi des projets industriels contribue à l’atteinte des objectifs de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30), en mettant en œuvre des actions concrètes visant à promouvoir la transformation locale des ressources naturelles, à encourager la création d'emplois et à améliorer la balance commerciale par la réduction des importations. La visite a permis de renforcer la coopération entre les acteurs industriels et le Minmidt, facilitant ainsi la remontée de difficultés auxquelles elles font face dans le déploiement de leurs activités, ce qui participe du dialogue public-privé qui se veut permanent.
Cette sortie intervient dans un contexte marqué par la volonté de l’Etat de mettre en œuvre le Plan directeur d’industrialisation. Où en est-on précisément avec la réalisation de ce Plan ?
Le Cameroun a adopté le Plan directeur d’industrialisation en 2016, avec pour objectif de renforcer le tissu industriel national et de positionner le pays comme un acteur majeur dans la sous-région Afrique centrale d'ici 2035. Il vise à transformer le Cameroun en « nourricier », « équipementier » et « commutateur » pour la zone Ceeac et le Nigéria, en misant sur la transformation locale des ressources naturelles et la substitution des importations. Depuis son lancement, plusieurs étapes clés ont été réalisées. La phase de vulgarisation a permis de sensibiliser les parties prenantes telles que les parlementaires, les administrations publiques, et les groupements patronaux, facilitant l’alignement des politiques sectorielles et des investissements. En ce qui concerne l’aménagement d’un cadre favorable, l'accent a été mis sur la création d’un environnement propice au développement industriel, avec l’amélioration de la réglementation, l’octroi d’incitations fiscales pour les investisseurs, et le renforcement des infrastructures industrielles. Cette phase a également visé le soutien aux entreprises locales, notamment dans les neuf sous-secteurs stratégiques que sont l'agro-industrie, l'industrie de l’énergie, le numérique, les filières forêt-bois, textile-confection-cuir, mines-métallurgie-sidérurgie, hydrocarbures-pétrochimie-raffinage, chimie-pharmacie et construction-services-professionnels-scientifiques-techniques.
Toutefois, le PDI est actuellement en révision pour s’adapter aux nouvelles réalités économiques et aux défis structurels actuels tels que les contrecoups économiques de la pandémie de Covid-19, qui ont nécessité des ajustements pour maintenir la résilience industrielle, les priorités de la SND30, en vue de la transformation structurelle de notre économie, les crises sécuritaires internes dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord, qui ont perturbé la dynamique industrielle et les crises sécuritaires internationales, notamment les conflits Russo-ukrainien et Israélo-palestinien, qui ont eu des répercussions sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et les coûts des matières premières.
Pour les unités industrielles qui existent, les installations laissent parfois à désirer. Qu’est-ce qui est fait pour que le standing de ces infrastructures rime avec la qualité des produits qui en sortent ?
Le ministère a mis en place plusieurs actions concrètes pour renforcer et moderniser les infrastructures industrielles du Cameroun, en mettant un accent particulier sur la protection du tissu industriel. Il s’agit de la sécurisation des établissements industriels classés. A cet égard, au cours de l’année dernière, le ministère a entrepris des inspections couvrant 4 546 installations à travers le pays, comprenant 469 établissements de première classe et 4 077 de deuxième classe. Ces inspections qui, conformément à la législation en vigueur, s’effectuent semestriellement, visent à s’assurer de la conformité aux règlements de sécurité et de protection de l’environnement. C’est au cours de ces inspections que les inspecteurs assermentés du Minmidt et des autres administrations sectorielles concernées, surveillent les activités industrielles à risques, le respect des mesures de mitigation de ces risques et de protection des travailleurs et de l’environnement, et formulent lorsque les écarts sont constatés, des recommandations, voire des procès-verbaux de constatation d’infraction, en vue de rendre sûr le développement des activités industrielles au Cameroun. Cela se fait aussi à travers la modernisation des infrastructures de production, à travers l’accompagnement des programmes de restructuration et de mise à niveau d’entreprises stratégiques comme Alucam et Cicam. Ces démarches ont par exemple permis de mobiliser un prêt de 15 millions de dollars US (9,06 milliards de F) en 2023 en vue de la relance de 52 cuves de production d’Alucam. De plus, la Cicam prévoit de multiplier ses capacités de transformation par six, atteignant 5 106 tonnes de fibres de coton d’ici 2030, avec un investissement total de 70,25 milliards de F sur cinq ans. Il y a aussi le développement des zones industrielles et des parcs spécialisés. La modernisation des laboratoires de métrologie et des systèmes de mesure a été entreprise pour améliorer la qualité et la compétitivité des produits manufacturés. Le Minmidt, en tant qu’administration en charge de l’investissement privé, a également poursuivi l’accompagnement des industries via des facilités fiscales et douanières prévues par le cadre d’incitation à l’investissement en République du Cameroun, afin d’encourager les investissements dans la modernisation des équipements de production.
Quelles sont les mesures prises pour favoriser l’éclosion des entreprises au sein des collectivités territoriales décentralisées ?
Pour soutenir l'industrialisation locale et l’émergence des entreprises dans les collectivités territoriales décentralisées, le Minmidt a lancé le programme 360 projets en 2018. Ce programme vise à créer des unités de transformation dans les 360 arrondissements du Cameroun, avec un accent particulier sur la valorisation des ressources locales (agricoles, forestières et minières). De manière concrète, il est question à travers ce programme, de mettre en place des infrastructures industrielles de transformation locale à petite échelle dans chaque arrondissement du pays, en s'appuyant sur les spécificités des potentialités économiques de chaque région. Le corollaire attendu étant la création des emplois décents, la stimulation de la production locale et la réduction des importations en favorisant l'industrialisation intégrée des territoires. Il a connu un ralentissement au cours des dernières années afin de permettre d’améliorer la maturation des projets, en tenant compte des défis liés au foncier, aux infrastructures de base et aux financements. Cependant, des projets pilotes ont été identifiés en vue de définir l’approche méthodologique, et sont en cours de réalisation. C’est notamment le cas avec le projet de mise en place du Complexe industriel de bois de Lomié (Ciblo), situé dans la région de l’Est. Ce projet a été conçu pour transformer le bois local en produits finis et semi-finis, en couvrant complètement les activités de la chaîne de valeur ajoutée de cette filière (1ère, 2e, 3e et 4e transformations).
Au-delà des communes, l’Etat a prévu l’aménagement des zones économiques qui devraient servir de pôles industriels. Sauf que leur mise en place reste attendue. Comment peut-on implémenter le Plan directeur d’industrialisation sans ces zones économiques ?
L’implémentation du PDI repose sur le développement des Zones économiques spéciales (ZES), qui sont conçues pour être des pôles de transformation locale et d'attraction des investissements industriels. Ces zones offrent des infrastructures modernes, des services optimisés et des incitations fiscales pour encourager l’installation des industries. Cependant, leur mise en œuvre complète nécessite des étapes progressives, car chaque zone est à un stade de développement différent. À ce jour, plusieurs d’entre elles ont progressé de manière significative. La ZES de Bertoua, d...
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