« Le Sweed vise l’accélération de la transition démographique »

Monsieur le Coordonnateur, le Swedd a procédé le 21 octobre dernier à Gaschiga au lancement de la campagne de distribution de 30.000 kits scolaires aux jeunes filles scolarisées de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord. Quel sens devrait-on donner à cette activité ?

Le Projet Sahel Women Empowerment and Demographic Dividend (Swedd), sous tutelle du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) et du ministère de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff), et financé par la Banque Mondiale à hauteur de 75 millions de dollars, environ 44 milliards de FCFA, a pour objectif global d’accélérer la transition démographique et la réduction des inégalités entre les sexes afin de tirer profit du dividende démographique.
On entend par dividende démographique l’accélération de la croissance économique qui peut résulter d’une baisse rapide de la fécondité et de l’évolution ultérieure de la structure par âge de la population dans un pays. En d’autres termes, il s’agit « d’un coup de pouce » que le changement dans la structure par âge d’une population peut apporter au développement socioéconomique d’un pays. Il peut être assimilé à la hausse de la productivité économique qui se produit lorsque la population active est supérieure à la population à charge. En effet, avec plus de personnes actives et peu de jeunes à charge, un pays peut accélérer sa croissance économique, à condition de faire de bons investissements socioéconomiques et de mettre en place de bonnes politiques de santé, d’éducation, de gouvernance et d’emploi. 
A titre de rappel, sur le plan sociodémographique, la population camerounaise est estimée à plus de 24 millions en 2019 (BM, 2019). Les jeunes et les femmes constituent la majeure partie de cette population. Pour ce qui est de la population féminine, leur poids démographique est de 50,9%. Dans la population en âge de travailler, elles représentent 51,6%. Les femmes constituent donc une part importante de la population active. Avec un taux d’accroissement annuel moyen estimé à 2,6%, la population du Cameroun doublerait (38 812 200 habitants) en 2037 et triplerait (58 218 300 habitants) vers 2043 si ce rythme de croissance est maintenu. 

Pour cette année, combien de jeunes filles devront bénéficier de cette initiative et quelles sont les localités qui ont été visées ? 
Cette initiative vise à soutenir 30 000 filles identifiées comme vulnérables à la déscolarisation dans les régions de l’Adamaoua, de l’Extrême-Nord, et du Nord. En distribuant ces kits, le Projet cherche à renforcer l’accès des jeunes filles à l’éducation et à améliorer leur taux de rétention scolaire. Les kits comprennent des fournitures essentielles pour accompagner les filles, du Cours-moyen 2 dans le primaire et de la Sixième en Terminale dans les sous-systèmes éducatifs francophone et anglophone, tout au long de leur parcours éducatif. En effet, des études menées par le SWEDD révèlent un taux de décrochage de 3% pour l’ensemble des régions septentrionales avec un pic de 10,4 % en milieu rural. Ainsi, près de 7 filles sur 10 en situation de décrochage sont encore au premier cycle, tandis qu’un peu plus du tiers d’entre elles (67,6 %) sont âgées de 16 à 18 ans. Ces données sont contenues dans le rapport d’étude intitulé « Etude sur le décrochage scolaire et les stratégies de maintien des filles à l’école dans les régions septentrionales du Cameroun, 2022 ». 
Les 30 000 kits scolaires seront distribués dans 681 établissements du primaire et secondaire comprenant un sac scolaire muni d’un dispositif d’éclairage solaire, 12 cahiers de différents formats, 01 calculatrice, 01 kit de géométrie,15 stylos à bille de différentes couleurs, 01 paquet de crayons de couleurs, 02 crayons à papier, 02 taille-crayon, 02 gommes, 01 trousse à raison de : 5 359 kits pour la région de l’Adamaoua, 15 036 kits pour la région de l’Extrême-Nord et 9 605 kits pour la région du Nord.

A terme, l’ambition du Sweed est d’autonomiser la femme et la jeune fille du grand Nord. Est-ce que la réalité sur le terrain vous incite à l’optimisme dans cette aire g&eac...