« Chaque profession qu’on choisit a ses réalités »

L’éclairage du Pr. Laurent Serge Etoundi Ngoa, ministre de l’Education de base.

Monsieur le ministre, des cas de désertion d’enseignants sont relevés dans divers établissements du pays. Qu’est-ce qui, selon vous, les pousse à abandonner la profession pour laquelle ils ont été formés et recrutés ?
Je vous remercie pour l’intérêt que porte votre organe de presse à ce problème. Plusieurs raisons sont à l’origine de ces désertions et évasions des enseignants entièrement formés par le Cameroun parfois jusqu’au doctorat. Ceux-ci disent aller à la recherche du mieux-être. Ils affirment ne pas avoir ce qu’il faut au Cameroun. Sans oublier que certains y vont aussi par adhésion. Nous avons eu des cas dans nos familles. Certains partent aussi parce qu’ils veulent changer de cadre de vie. Le plus souvent ils ont des motifs réels, mais ils ne reviennent plus. Ce qui cause un problème. Raison pour laquelle certains sont radiés de la Fonction publique. Nous sommes déjà habitués à de telles situations. Mais il faudrait que nos enfants qui sont dans ces voies, recommencent à aimer leur pays. Il faut qu’ils aient un esprit patriotique. Lorsque le pays les forme, c’est pour qu’en retour, ils forment aussi d’autres. On n’atteindra jamais les niveaux des autres pays, si tout le monde veut partir. Nous essayons de combattre ce phénomène. L’Etat travaille pour l’amélioration de la qualité de vie des enseignants, de leur condition en général. Ces jeunes qui rêvent d’un futur glorieux ailleurs, ne doivent pas oublier que ces pays ont aussi leurs lots de problèmes et leurs réalités. Les jeunes doivent savoir que le Cameroun se développera, parce qu’ils accepteront de de se donner à 100% dans leur secteur d’activité.


Beaucoup d’enseignants se montrent attirés par les autres administrations où ils grossissent les effectifs. Ces migrations sont-elles suffisamment encadrées ?
Il y a régulièrement des demandes de mise à disposition. Certaines sont fondées et d’autres pas. Nous savons qu’elles sont à 80% basées sur le désir des enseignants d’aller voir ailleurs. Heureusement que nous avons aujourd’hui, une commission qui examine au cas par cas, ces demandes. Lorsqu’elles sont objectives à les approuve. Les enseignants sont d’abord des fonctionnaires. Mais généralement, c’est pour s’en aller. A ce niveau, le sens du discernement de tous est sollicité, parce que nous sommes en déficit d’enseignants. C’est un déficit structurel qui date, et que l’Etat est en train de combler. Il ne faut pas qu’on continue à le creuser.


Mais que faites-vous généralement lorsque ces désertions sont constatées afin que les enfants ne soient pas abandonnés à leur sort ?
On remplace. On comble le vide. A notre niveau, des rotations sont faites pendant l’année. On leur envoie d’autres enseignants. Mais nous restons vigilants sur le plan administratif, pour que les enseignants partis ne continuent pas à bénéficier des moyens de l’Etat.


Les conditions de vie et de travail sont-elles réunies pour que les enseignants exercent en toute sérénité, quel que soit le lieu d’affectation ?
Les enseignants sont des fonctionnaires comme les autres. Est-ce que les autres sont mieux lotis en termes de salaires ou d’indemnités que les enseignants ? Je ne crois pas. Chaque profession qu’on choisit a ses réalités. Ceux qui sont aux impôts n’ont pas les mêmes contraintes que les militaires. Les enseignants ont accepté de former la jeunesse de demain, cela veut dire qu’il y a quelques sacrifices à faire. Les gens ont toujours travaillé dans tout le pays. Toutefois, il faut savoir que l’Etat prend en compte les conditions des zones éloignées. A travers des projets en cours, ils ont des primes d’éloignement en dehors des primes officielles. Tous ces efforts sont faits pour mettre à l’aise ceux qui sont affectés dans l’arrière-pays.  


Quelle est selon vous, la recette pour maintenir les enseignants là où on les attend, c’est-à-d...

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