Développement de l’aquaculture : des solutions pour booster la production

Le ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales, en collaboration avec l’Organisation interprofessionnelle pour le développement de l’aquaculture, a organisé du 02 au 07 décembre dernier, la première édition du Salon interprofessionnel de l’aquaculture au Cameroun (SIAC24). Le thème retenu pour ces assises cadrait avec les enjeux de l’heure. « L’import substitution : l’apport de la filière aquacole ». CT a saisi l’opportunité de cette rencontre qui rassemblait experts nationaux et internationaux et autres personnalités, pour faire le point de la production halieutique, notamment dans un contexte d’import-substitution. Le ministre, Dr Taïga a été approché pour éclairer l’opinion sur les mesures prises pour accroître cette production, assurer la sécurité alimentaire et limiter les importations.

 

Monsieur le ministre, vous avez présidé récemment la toute pre- mière édition du Salon interprofessionnel de l’aquaculture du Cameroun, événement dont le but est de promouvoir le déve- loppement durable de cette filière. Quel est l’état actuel de la production locale de poisson, notamment dans un contexte d’import-substitution ?

La première édition du Salon interprofessionnel de l’aquaculture au Cameroun (SIAC24) s’est effectivement tenue du 02 au 07 décembre 2024 au Palais Polyvalent des sports de Yaoundé, était placés sous le Très haut parrainage du président de la République, Paul Biya, qui a bien voulu accorder son Très haut parrainage à l’Organisation interprofessionnelle pour le développement de l’aquaculture (Oidac). Cet événement avait pour but non seulement de promouvoir le développement durable de la filière aquacole, mais aussi de rencontrer toutes les professions de la chaîne de valeur aquacole ainsi que les autres acteurs en l’occurrence des institutions financières afin de faire une sorte de situation de référence afin d’arrêter ensemble une feuille de route pour « booster » voire accélérer la produc- tion aquacole au regard des atouts du Cameroun dans le domaine. Pour revenir à votre question, il faut noter que la production de la pêche et de l’aquaculture se situe au Cameroun en 2023 autour de 245 000 tonnes, dont près 12000 tonnes pour l’aquaculture. La pêche industrielle fournit environ 8000 tonnes de poisson/an, la pêche artisanale maritime estimée à 185 000 tonnes/an, la pêche arti- sanale continentale autour de trente 30 000 tonnes/an. Cette production ne couvre pas la demande nationale des produits halieutiques. Notre pays recourt donc aux importations, lesquelles ont toutefois reculé ces dernières années. Nous avons d’excellentes perspectives de voir cette production nationale se renforcer avec le développement de l’aquaculture. En effet, de plus en plus d’acteurs s’intéressent à cette chaîne de valeur et investis- sent dans la production aquacole. Avec l’accompagnement de l’Etat dans la mise en œuvre des projets, la production aquacole est appelée à s’accroître rapidement. De même, avec la mise en exploitation des barrages hydroélectriques (Lom Pangar, Mekin, Memve’ele et très récemment Nachtigal), les activités de pêche artisanale se sont développées pour constituer d’importants pôles de production halieutique au niveau continental. D’ailleurs, pour le dernier barrage, le ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia) a récemment signé avec la Nachtigal Hydro Power Corporation (NHPC), un cadre de collaboration pour accompagner les acteurs de la pêche artisanale sur ce barrage. A côté de la production, le gouvernement travaille à mettre en place les infrastructures de commercialisation pour une meilleure valorisation des produits après capture, à l’instar du débarcadère de Kribi (Mboa-Manga) et bientôt celui de Douala (Youpwè) fruit de la coopération avec le Japon ainsi que des halles de vente de pois- son dans le cadre de la décentralisa- tion et du projet de développement des chaînes de valeur de l’Elevage et de la Pisciculture (Pdcvep) notamment. Nombre d’obstacles continuent d’entraver l’essor de ce secteur : la législation, la modernisation des outils de production, l’encadrement des acteurs, etc.

Comment peut-on durablement résoudre ces contraintes ?
Les contraintes au développement des productions halieutiques sont en train d’être levées progressivement par le gouvernement et les profes- sionnels de ce secteur. Pour ce qui est de la législation, le Parlement a adopté la nouvelle loi régissant la pêche et l’aquaculture dans notre pays. La loi 94/01 du 20 janvier 1994 qui était en vigueur datait de 30 ans et règlementait les activités des fo- rêts, de la faune et de la pêche. Cette nouvelle loi innove, elle est spécifique à la pêche et l’aquaculture. Elle met un accent particulier sur l’encadrement et le développement de l’aquaculture, qui n’était pas prise en compte dans la loi N° 94/01. Ladite loi traite également de l’amélioration de la gestion durable et transparente des pêches de capture et des écosys- tèmes marins, en luttant efficacement contre la pêche illicite non déclarée et non règlementée (INN) conformément aux standards inter- nationaux dans le domaine. De même, pour décourager les mauvaises pratiques, les sanctions en matière de pêche ont été renforcées avec le relèvement du montant des amendes, les sanctions administratives et pénales. Toutes ces innovations devront induire l’augmentation durable de la production locale des produits halieutiques et permettre au secteur de participer pleinement à la politique d’import substitution voulue par le président de la République, Paul Biya. Toujours sur le plan institutionnel, les lois de finances de 2019, 2020, 2021, 2022, 2023 et 2024 accor- dent une exonération totale des taxes douanières sur tous les équipements et matériels (intrants) qui entrent dans la modernisation de l’appareil de production, en vue d’améliorer la productivité. Il s’agit là, de la concrétisation de l’agriculture de seconde génération prônée par le président de la République, Paul Biya. Je rappelle également que la loi N° 2013/004 du 18 avril 2013 fixant les incitations à l’investissement privé en République du Cameroun, a pour objectif entre autres, de favoriser et d’attirer les investissements productifs en vue d’encourager l’investissement privé et accroître la production nationale. Elle prévoit à cet effet des incitations spécifiques pour le développement agropastoral et halieutique ainsi que la promotion de l’agro-industrie et des industries manufacturières. Il y a aussi la loi N°2021/023 du 16 décembre 2021 régissant les organisations interprofessionnelles au Cameroun qui peut, sous certains critères, donner des compétences étendues aux interprofessions. Il s’agit là des avancées majeures dans le développement des secteurs productifs. L’arrêté du Premier ministre du 22 mars 2023, portant création, organisation et fonctionnement du Fonds de facilitation de l’offre de crédit pour le développement des chaînes de valeur agricole, de l’élevage et de la pisciculture, dans le cadre de la mise en œuvre du Pdcvep cofinancé par l’Etat du Cameroun et la Banque africaine de développe- ment (BAD). Ledit Fonds comporte un fonds de garantie et un fonds de refinancement. C’est dans ce cadre qu’une convention a été signée le 18 juin 2024 avec une banque de la place pour opérationnaliser ledit Fonds. La garantie de portefeuille est un levier mis en place par le gouvernement pour booster également le secteur productif. Pour ce qui est de la modernisation des outils et de l’encadrement des acteurs, la forma...

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