« Le président Paul Biya a toujours encouragé la solidarité entre les nations »

Pr. Nicolas Junior Yebega Ndjana, spécialiste de science politique et relations internationales à l’Université de Douala.

2024 a été marquée par la prise de parole du chef de l’État camerounais au nom de l’Afrique lors de la commémoration du 80e anniversaire du débarquement de Provence, en France. Quelle symbolique donnez-vous à cette posture ?
Aller dans ce lieu chargé d’histoire est le renouvellement de la promesse de la paix après cette guerre dont les causes étaient surtout humaines. S’incliner à ce lieu mausolée, c’est le souvenir de la vaillance de ces soldats, parmi lesquels de nombreux africains noirs, pour rendre à ces héros un hommage appuyé. D’ailleurs, le discours du président Paul Biya est très significatif. Il a rappelé « ce sang des combattants africains qui s’est à jamais mêlé à d’autres pour que l’étendard de la France et de ses alliés soit définitivement couronné de gloire. » Il plaide pour que « la solidarité exemplaire qui a ainsi prévalu reste et demeure une leçon précieuse que nous devons perpétuer et transmettre aux générations futures, afin d’éviter les erreurs commises par le passé », au moment où le monde se dirige de nouveau vers une ou plusieurs guerres aux conséquences incalculables. C’est donc une posture sage et courageuse, qui réaffirme et revendique par ailleurs la place de l’Afrique noire dans la construction de l’édifice de la liberté, loin des clichés qui déclassent ce continent de la marche de l’histoire.


Pour un tel évènement, à quelle logique obéit le choix porté sur le président de la République ?
La figure du président Paul Biya, 80 ans après le débarquement, est symbolique et lourde de sens, car il était l’un des plus « anciens » parmi les invités, donc plus proches des évènements. Il a connu le général De Gaulle qui inaugura la place lors du 20e anniversaire en 1964, comme il a d’ailleurs connu d’autres figures historiques de cette deuxième guerre mondiale. C’est un témoin vivant. Symbolique, cette invitation l’était aussi, car représenter l’Afrique était un symbole, pour le président Macron, pour la France avec son passé colonial et surtout pour la diplomatie africaine en général et camerounaise singulièrement. Le choix porté sur le président camerounais pour un évènement aussi historique était sage. C’est un grand africain, avec une grande culture qui n’a jamais manqué une occasion pour encourager la solidarité entre les nations, pour construire la paix et faire face ensemble aux grands problèmes de notre temps. 


Cette année a également été marquée par l’élection de Philemon Yang à la présidence de la 79e Assemblée générale des Nations unies. Que gagne-t-on à avoir un compatriote à ce niveau de responsabilités ?
Avoir un compatriote élu à un tel niveau de responsabilités est d’abord une victoire diplomatique à mettre à l’actif du Cameroun et du chef de l’État, Paul Biya. M. Yang permet au pays de jouer les premiers rôles dans cette institution mondiale. Les autres gains ne sont pas forcément quantifiables. Il faut savoir que c’est avant tout un poste de travail de très haut niveau à l’international. Y travailler pour un Camerounais, c’est symbolique pour le pays, c’est une grande visibilité, c’est une grande influence. Les responsabilités du président de l’Assemblée générale des Nations unies rendent mieux compte de l’importance de ce poste : il dispose de pouvoirs qui lui sont conférés par le règlement intérieur ; il prononce l'ouverture et la clôture de chaque séance plénière de la session ; il dirige les débats en séance plénière ; il assure l'observation du règlement ; il accorde la parole ; il pose des questions et annonce les décisions. Philemon Yang donne une fois de plus l’occasion au Cameroun de servir au niveau mondial et de montrer son savoir-faire administratif et diplomatique. Un grand nom de plus qui sera inscrit dans les livres de la diplomatie mondiale. 


Comment appréciez-vous la stratégie de la diplomatie camerounaise en matière de conquête des postes dans les instances internationales ?
Pour aboutir au choix de ses citoyens dans ces instances internationales, le pays mène de longues campagnes auprès des pays pris de manière isolée, et au sein de l’Union africaine (UA) qui endosse et porte la candidature des Camerounais. C’est une mobilisation méthodique qui s’observe à chaque fois qu’un compatriote est en lice pour occuper des postes de responsabilités élevées au niveau des organisations et institutions internationales. Les cas sont légions : Philemon Yang ; Louisette-Renée Thobi, secrétaire générale de la Conférence des ministres de la jeunesse et des sports ; le Pr. Pierre Moukoko Mbonjo en ce qui concerne les réformes institutionnelles de l’UA ;  Modeste Mopa Fatoing au Fonds monétaire internationale ; Hamad Kalkaba Mal...

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