« Au fur et à mesure, la température politique va augmenter »
- Par Lucien BODO
- 08 janv. 2025 10:40
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Pr. Alphonse Amougou Mbarga, enseignant de science politique, Université de Douala.
En ce début d’année, on note déjà une certaine animation de l’espace public concernant la présidentielle prévue cette année. D’après vous, qu’est-ce que cela peut augurer pour la suite ?
L’effervescence actuelle est normale et légitime. En réalité, elle est même tardive, car ce n'est pas en 10 mois (voire moins si l’on tient compte des délais de convocation du corps électoral) que l'on bâtit une campagne électorale et que l'on conquiert un électorat. Il est vrai que l'année dernière, l'on a ressenti quelques frémissements avec les appels à s'inscrire sur les listes électorales de la part de certains partis politiques, mais l'on n'a pas pu assister à des meetings ou des déclarations de candidatures avec des programmes politiques bien ficelés malgré quelques candidatures annoncées. On a l'impression que les acteurs politiques attendaient effectivement le début de l'année 2025. Mais à ce jour, c’est le discours de fin d'année du chef de l'État dans « sa détermination à toujours servir le Cameroun » et les propos de certains prélats qui animent la vie politique. Le mutisme de certains acteurs, probables candidats à l’élection présidentielle est surprenant pour ne pas dire suspect. Au fur et à mesure de l'approche des échéances électorales, la température politique va augmenter et les déclarations plus tapageuses les unes que les autres. Et une fois, le corps électoral convoqué, les candidatures annoncées et les candidats définitivement déclarés et attestés par le Conseil constitutionnel, le jeu sera à la fois clair et bruyant.
Avec cette effervescence, n’y a-t-il pas lieu de craindre une prolifération des écarts de langage ?
Les moments électoraux sont toujours des moments de tension et de passions politiques. Voilà pourquoi l'on redoute toujours des débordements sociaux. Chaque groupe politique a tendance à vouloir dominer la scène politique, à se positionner ou à positionner son candidat. Et dans une société comme celle du Cameroun où les clivages identitaires sont encore très friables et vulnérables, la prudence s’impose. Les acteurs politiques devront faire preuve de retenue dans leurs actions et dans leur langage pour éviter d’exacerber les tensions. Les élections régionales vont servir de baromètre pour les joutes politiques de l'élection présidentielle même si, dans ce cas, le collège électoral est restreint.
On note un certain intérêt à propos d’une éventuelle candidature du président de la République, Paul Biya. Comment analysez-vous les débats autour de ce cas qui cristallise l’attention ?
Pour cerner les débats autour de l'éventuelle candidature du président Paul Biya, il faut préciser certains éléments à la fois juridiques et politiques. Tout d'abord La constitution et le Code électoral fixent un âge minimum pour la candidature à l'élection présidentielle, mais pas un âge maximum. La candidature de Paul Biya ne saurait donc être écartée en raison du critère d’âge. Ensuite, depuis la révision constitutionnelle d'avril 2008, le verrou de la limitation des mandats à la fonction présidentielle a été levé. Le président actuel peut donc se représenter autant de fois que cela lui est permis. Enfin, il appartient au Rdpc, son parti, de le présenter si tel est l'engagement de cette formation politique, conformément à ses propres statuts. Il convient de rappeler que selon les statuts du Rdpc, le président du parti est le candidat à l'élection présidentielle.
Maintenant, il faudrait également noter que sur l'arène politique, les candidats ont tendance à évaluer leurs chances de succès. Par voie de conséquence, les acteurs politiques recherchent souvent des adversaires à leur portée. C'est d'ailleurs ce qui justifie souvent des débordements quand l'on ne peut &laq...
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