« Un instant privilégié pour augmenter la visibilité, la notoriété »

Dr. Jean-Marie Biada, économiste.

A l’initiative de divers organisateurs, des foires, campagnes promotionnelles et mini-comices se multiplient dans les différentes villes du Cameroun. Quelle appréciation faites-vous de ces manifestations économiques ?
A mon sens, trois déterminants peuvent raisonnablement justifier ce phénomène. D’abord, la revitalisation du tissu industriel camerounais jadis articulé autour des vieilles industries héritées de la colonisation : thé, coton, huile de palme. A ces vieilles usines se sont ajoutées de nouvelles lignes de production industrielles modernes en nombre respectable : minoterie, semoulerie, huilerie, palmisterie, bauxiterie, aluminerie, brasseries et surtout les unités de valorisation des ressources agricoles locales via les unités de production des boissons rafraichissantes sans alcool à saveurs locales (ananas, mangue, goyave, baobab, foléré, pamplemousse, orange, citron, citronnelle, mango,…). Ensuite, la perte de la position dominante de Douala comme pôle industriel majeur du Cameroun. Des industries agro-alimentaires s’installent déjà hors et loin de la capitale économique pour produire à l’échelle industrielle. C’est le cas à Ndonkol dans le sud, Bipaga et la plateforme portuaire de Kribi, Nkoteng, Wassa-babouté, Garoua, Moliwé avant Limbé,…Enfin, tous ces produits fabriqués en grand nombre ont besoin d’être mis en vitrine ; d’où la nécessité d’organiser les foires, les mini-comices, les séances de dégustation et autres campagnes promotionnelles pour accroître la vitesse de rotation desdits produits industriels et réduire ainsi le volume éventuel des stocks dormants.


Du point de vue de la visibilité, des ventes, l’accroissement du portefeuille client, à quelles retombées peut-on s’attendre ?
Objectivement on peut, et doit s’attendre au moins aux trois retombées que vous venez d’évoquer dans votre question. D’abord, avoir accès à un stand lors d’un mini-comice est loin de relever de la charité, car les organisateurs ayant mobilisé un budget réel tiennent à le couvrir en commerçant les espaces aux participants retenus. Dès lors, ces derniers s’évertuent à faire de leur présence à ces évènements éminemment commerciaux, un instant privilégié pour augmenter leur visibilité, leur notoriété, leur image, la taille de leur portefeuille client et aussi leur revenu sur le lieu de vente.
Outre les bénéfices sus-évoqués, quels autres gains peut-on espérer après l’organisation de ces manifestations ? Si au terme de votre participation aux foires, comices et autres évènements apparentés, vous réussissez à vous constituer un portefeuille clientèle respectable, il devient alors très aisé pour votre entreprise de mettre sur pied un club fidélité, qui sera d’un atout inégalable pour le développement de vos ventes et surtout de nouveaux produits. En effet le club fidélité devient une base de choix d’un panel de testeurs de nouveaux produits. L’avis de ce panel peut permettre à l’entreprise de mettre sur le marché de nouveaux produits qui bénéficieront d’emblée auprès des clients, d’un préjugé favorable ou d’une forte présomption de bonne qualité. D’où la rareté des rejets, des chances élevées d’adoption desdits produits nouveaux dans un faible délai et une baisse remarquable du budget dédié à la recherche et développement.


Comment peut-on finalement pérenniser ces foires et mini-comices, afin qu’ils servent de tremplin pour la compétitivité des entreprises qui y prennent part ?
Deux mesures majeures sont à envisager : l’une institutionnelle et l’autre infrastructurelle. S’agissant de l’option institutionnel...

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