« La transformation structurelle, clé de voûte du programme d’émergence »
- Par Aïcha NSANGOU N.
- 26 Nov 2025 10:49
- 0 Likes
Dr Ndikeu Njoya Nabil, économiste.
Docteur, le président de la République a entamé un nouveau mandat le 6 novembre dernier avec des engagements précis dans les secteurs de l’accompagnement des jeunes, de l’emploi, du développement des entreprises, etc. Comment avez-vous apprécié ces orientations du chef de l’Etat ?
Le discours d’investiture du chef de l’Etat nous donne un aperçu des grandes lignes directrices qui vont orienter son action lors de ce nouveau septennat qui débute. Il y ressort effectivement que les préoccupations des jeunesses figurent comme l’une des principales priorités de son mandat renouvelé, notamment en ce qui concerne l’éducation et la formation professionnelle, l’emploi et l’entreprenariat-jeune. Cette orientation stratégique nous semble plus qu’opportune au regard du contexte actuel de notre société, où l’augmentation rapide la population jeune ces dernières années semble malheureusement s’accompagner d’une augmentation des vulnérabilités économiques. A titre d’illustration et d’après les données de l’Institut National de la Statistique (INS), les jeunes âgés de 15 à 34 ans constituent aujourd’hui près de 43% de la population active dans notre pays, mais seulement la 39% d’entre eux en moyenne, ont un emploi et bénéficie de revenus descends. Les jeunes constituent aujourd’hui la frange de la population qui souffre le plus des dysfonctionnements du marché du travail. Le chômage des jeunes et les faibles revenus qui en découlent entretiennent d’autres vulnérabilités pour la jeunesse, liées notamment à la sécurité alimentaire, l’accès à l’énergie, et l’inclusion financière qui sont aujourd’hui des cibles primordiales des objectifs de développement durable. La montée en puissance des politiques publiques en faveur de la jeunesse est donc salutaire.
Tous les préalables sont-ils réunis pour faire émerger l’économie camerounaise à l’horizon 2035 comme souhaité ?
L’émergence d’une économie se comprend aujourd’hui comme la capacité pour un pays à pouvoir accroître substantiellement le revenu de ses populations, à travers notamment un processus de croissance économique tiré majoritairement par les secteurs à plus forte valeur ajoutée, et par ailleurs, à pouvoir utiliser les fruits de cette croissance pour améliorer et moderniser significativement les conditions de vie des populations. D’après les évaluations publiées dans la Stratégies nationale de développement à l’horizon 2030 (SND2030), il ressort que sur la période 2010-2020, notre pays n’a pas atteint ses objectifs annuels de croissance économique fixés à 5,5%, suggérant de fait, la nécessité d’un surcroît d’effort sur la période 2020-2030, afin d’opérer un rattrapage et se repositionner sur le sentier d’émergence planifié. Cependant, le taux de croissance en 2024 était d’environ 4%, et n’a pratiquement jamais atteint 8% depuis 2020, taux qu’il aurait fallu approcher pour opérer un rattrapage sur nos objectifs d’émergence. C’est dire que l’émergence à l’horizon 2035 supposerait des efforts drastiques. Ce constat doit néanmoins prendre en compte, les contextes externe et interne particulièrement difficiles dans lesquels a évolué notre pays ces dernières années. En effet, les chocs exogènes tels que la Covid-19, l’inflation consécutive à des conflits armés extérieurs, ainsi que la chute des cours de certains produits de rente n'a pas rendu la tâche aisée. De même que les difficultés internes liées à l’absorption des crédits d’investissement nécessaires aux infrastructures et à la facilitation de l’industrialisation, ou encore les crises sécuritaires.
A 10 ans de l’échéance, que faut-il précisément pour être au rendez-vous de 2035 ?
De manière réaliste, l’on ne saurait prétendre pouvoir facilement rattraper les retards accusés au cours des vingt premières années de notre stratégie de développement pendant les dix dernières années restantes. Par ailleurs, il faut pouvoir ici distinguer la planification indicative de la planification impérative. Les différentes séquences du déroulé de notre stratégie imposent des programmes et des actions à mettre en œuvre à des phases précises, de manière impérative, pour garder une cohérence et permettre un suivi-évaluation des progrès, mesurable dans le temps. Cependant, ils ne sont pas en soi l’objectif ultime. Le but à la fin n’est pas de pouvoir absolument se conformer à un plan mais d’atteindre les objectifs fixés par le plan. Bien que l’horizon soit important, il ne doit pas pour autant être une limite rigide et obsessionnelle.
Ceci dit, les orientations fixées par la SND 30 demeurent judicieuses malgré les difficultés et insuffisances observées dans sa mise en œuvre. La transformation structurelle de l’économie reste la clé de voûte du programme d’émergence. Les différents efforts publics et privés doivent converger vers l’industrialisation, la modernisation de la structure de production, et la complexification de notre offre, sur les marchés intérieurs et extérieurs, de de manière à accroître la valeur ajoutée de nos produits et bénéficier d’un surplus de revenus. Ce mécanisme de transformation est également l’un ...
Cet article complet est réservé aux abonnés
Déjà abonné ? Identifiez-vous >
Accédez en illimité à Cameroon Tribune Digital à partir de 26250 FCFA
Je M'abonne1 minute suffit pour vous abonner à Cameroon Tribune Digital !
- Votre numéro spécial cameroon-tribune en version numérique
- Des encarts
- Des appels d'offres exclusives
- D'avant-première (accès 24h avant la publication)
- Des éditions consultables sur tous supports (smartphone, tablettes, PC)




Commentaires