Depuis sa création en 1996, le groupe a lifté son style musical et ses visages, et deux décennies plus tard il est là, malgré les péripéties.
Un air de musique devenu coutumier, derrière le lieu-dit « Usine Bastos » à Yaoundé. Le domicile de Serge Maboma, repaire de nombreux musiciens de la capitale, est avant tout le quartier général du groupe Macase. C’est là que régulièrement, la bande à Maboma se retrouve pour réviser gammes et notes. Le mois d’avril 2016 s’est avéré surchargé pour les Macase nouvelle génération. Leur dernier album « Issiè » sort, quelques jours après leur retour d’un séjour en Allemagne en mars 2016, dans le cadre du projet « Music in Africa ».
Il y a cinq ans, Sandrine Nnanga et Merveille Tsang’Mbe, les deux voix féminines, rejoignent le groupe, fermant ainsi - pour l’instant - le cercle très ouvert des légendaires Macase. Car bien plus qu’un groupe, cette entité née en 1996 de l’ambition de quelques copains, n’a cessé d’évoluer. Nouveaux membres, nouveaux visages, mais un objectif commun : jouer de la bonne musique. Une mutation dans son architecture peut-être, mais une envie ultime de conserver la même veine. On parle d’« esprit Macase », de Bantou groove. « Nous faisons de la musique proche des gens, proche du cœur », reconnaît Roger Minka Dubois.
Début d’une aventure musicale
« Ma » « case ». La liaison de ces deux mots donne naissance à l’épopée. Le projet se consolide dans la période mai-juillet 1996. Premiers témoins de cette gestation, Ruben Binam Bikoï, Roger Dubois et Blick Bassy. Ces trois hommes flairent le bonheur ailleurs que sur les bancs de la faculté.
L’idée d’un groupe germe doucement mais avec assurance. Il y aura cet embryon, « Jazz Crew » mais l’on tend de plus en plus vers Macase avec une équipe jeune et pleine de rêves musicaux : Thierry Essam à la basse, Nelly Atangane à la voix principale, et Pierre Toupou à la batterie assisté de Teddy Nguidjol. Du point de vue financier, la précarité est reine. « On manquait de tout. Personne ne voulait nous soutenir, mais nous étions très engagés », se souvient Ruben Binam Bikoï. Ils écrivent alors leurs propres chansons qu’ils présentent dans des cabarets et des fêtes d’étudiants. Fin 1997, ces pionniers continuent de s’accrocher. Puis, c’est le chamboulement. Thierry Essam, le bassiste s’en va en Roumanie poursuivre ses études, Nelly Atangane, part pour la même raison au Gabon et Pierre Toupou est inscrit au Collège Sacré Cœur de Makak. Qui pour les remplacer ?
En 1997, Henry Okala, arrivé en août 1996, conforte sa position dans la section vocale, Corry Denguemo, la « voix » est recrutée en février au même moment que Roddy Ekoa s’assied à la batterie. « Le groupe Macase cherchait une chanteuse, ils ont lancé un appel à candidatures et j’ai été retenue. Avant Macase, j’étais rappeuse. C’est grâce à eux que j’ai appris à chanter », se souvient Corry D. Serge Maboma est choisi comme bassiste au mois de novembre. « J’étais admiratif de ce qu’ils faisaient. Ils osaient », a révélé Maboma. La formule à sept, qui fera les grandes heures de Macase (1997-2005) est trouvée. Macase s’appuie sur la diversité patrimoniale camerounaise et sur les influences diverses de ses sept membres. Macase scelle un pacte entre jazz, blues et sonorités africaines. Ils chantent en langues bassa, éton, bulu, ewondo, fulfuldé et regardent même vers la Centrafrique – avec des lyrics en sango. Sans oublier l’anglais et le français.
Approché par Ruben Binam Bikoï en janvier 1998, Sam Mbende a le coup de foudre pour ces jeunes qui proposent un style décalé. Il les accompagne pour la production de leur premier album enregistré en juillet 1998 et sorti en juin 1999. La reconnaissance est d’abord nationale. En 1999, Macase est la révélation de l’année au Cameroon Awards avec « Etam » et sacré meilleur groupe camerounais par la CRTV. Le Marché des arts du spectacle africain (MASA) à Abidjan en 2001 leur ouvre un boulevard vers le succès hors frontières. La consécration, c’est avec le prix Découvertes RFI en 2001. Puis, le rêve vire presque au cauchemar avec cette polémique autour de « Etam », album qui leur vaut ce titre. En cause, un différend avec leur producteur, Sam Mbendé (le groupe avait dénoncé le contrat avec leur producteur et produit par ses propres moyens une maquette pour démarcher et élargir ses horizons). Cette page tragique, vite referm&ea...
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