« Le problème est assez profond. »
- Par Eldickson Agbortogo
- 22 déc. 2022 12:20
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Dr. Mariette Edimo Mboo, enseignante permanente à l’Institut des Relations internationale du Cameroun (IRIC).
Quelle est selon vous l’essence de la brouille entre la RD Congo et le Rwanda ?
Le problème entre la RD Congo et le Rwanda est assez profond. Il s’agit d’un antagonisme entre deux peuples frères justifié par le découpage des frontières coloniales, la question des congolais rwandophones, la présence de la Force démocratique de libération du Rwanda (FDLR) au Congo pendant que le Rwanda considère cela comme une menace, l’implication présumée des ressortissants rwandais dans le mouvement des M23 (Le M23 tire son nom d‘un accord de paix signé par le gouvernement de la République démocratique du Congo et une ancienne milice pro-tutsie le 23 mars 2009), la fragilité de l’Etat à l’est du Congo puis l’exploitation et le trafic illégal des minerais. Bref, la province du nord- Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo est depuis la fin du mois de mars 2022 le théâtre d’affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23.
Les autorités de Kinshasa ne peuvent-elles pas avoir des pourparlers directs avec le M23 ?
Cette question a deux grilles d‘analyse. Concernant la question des pourparlers directs entre les autorités de Kinshasa et le M23, il faut dire que plusieurs accords de paix ont été signés directement entre ces deux entités notamment en 2013 à Nairobi et en 2020 avec le président Felix Tshisekedi. Sauf que face à la recrudescence des exactions et la reprise des violences liées aux groupes à Rutshuru dans la province du Nord-Kivu, le M23 et le gouvernement RD Congo se rejettent la faute. Le M23 déplore l’inefficacité et même le fait que les nombreux accords de paix signés entre les deux parties sont restés sans impacts. Voilà pourquoi il a décidé désormais ne plus participer aux pourparlers tout en invitant le gouvernement congolais à appliquer les accords. La seconde grille d‘analyse repose sur les accusations des autorités de Kinshasa envers le Rwanda. En RD Congo, les groupes rebelles, notamment le M23 sont perçus comme le bras armé du pouvoir de Kigali pour garder une influence sur les affaires internes du Congo surtout sur la partie est. Le Rwanda a plusieurs fois nié tout lien avec des groupes armés. Cependant à son actif, on peut mettre la FDLR. En effet, ce groupe rebelle a été créé au début des années 2000 par les anciens militaires du régime hutu rwandais de Juvénal Habyarimana. Vaincus militairement par les troupes du Front patriotiques rwandais (FPD) dirigé par l’actuel président rwandais Paul Kagame, les soldats de l’armée rwandaise se seraient refugiés à l’est de la RDC en 1994. Or le FDLR est accusé d‘avoir contribué à la conception et à l’exécution du génocide perpétré contre les Tutsi rwandais la même année peu avant leur débâcle.
Pensez-vous que la communauté internationale en fasse assez pour ramener la paix dans le pays?
Concernant l’Organisation des Nations unies, les opérations de maintien de la paix se sont avérées être l’un des outils les plus efficaces dont dispose l’ONU pour apporter le soutien politique nécessaire à la consolidation de la paix en aidant les pays à passer de l’étape difficile du conflit à la paix. Malheureusement, cette dernière a été tenue en échec par la rébellion du M23 à Goma, la capitale du Nord-Kivu ainsi que dans deux zones frontières près du Rwanda. Alors même que le conseil de ...
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