« C’est dans l’enfance qu’il faut semer la graine du théâtre »

Junior Esseba, président du Centre camerounais de l’Institut international de Théâtre-Unesco.

Vous avez organisé le 27 mars dernier la célébration de la journée mondiale du théâtre avec un accent sur la professionnalisation et la reconquête du public. Quelles solutions avez-vous désignées pour remplir à nouveau les salles de spectacle ?
La journée mondiale du théâtre est portée dans le monde entier par l’Institut international de théâtre (ITI). Chaque année, nous, professionnels des arts de la scène, réfléchissons sur  comment accroître la visibilité du théâtre auprès des publics. Cela passe nécessairement par l’éducation du public à la perception du théâtre. Il ne faut nullement se leurrer, le public est resté longtemps coupé du spectacle vivant et du théâtre en particulier. Il fallait donc saisir cette occasion pour réfléchir sur l’épineux problème des publics. Nous pensons qu’il faut nécessairement un nouveau maillage du théâtre pour qu’il se rende plus visible. En l’état actuel, avant d’attendre que le public vienne en salles, nous devons descendre le trouver où il est. Il faut créer des spectacles qui traversent nos quartiers, nos villages, nos écoles. Bref, il faut que le théâtre sorte, qu’il aille à la conquête de ses publics au lieu de rester attentiste dans des espaces clos restés désespérément trop longtemps vides. L’attrait du public passe aussi par la qualité de l’offre et les sujets abordés. Sur cette question, il faut des actions inclusives qui associent les jeunes et les anciens, éloigner de nous les querelles et bosser ensemble, chacun avec son énergie. Tant qu’on va passer le temps à se tirer dessus, le public se tournera vers autre chose. Il faut un renforcement des capacités des acteurs tant au niveau éthique qu’esthétique. Tant que nos spectacles seront distants des problèmes quotidiens ou réguliers des spectateurs au nom de nos convictions personnelles, le public s’éloignera de nous. Le remplissage des espaces de spectacle par le public passe aussi par un lobbying direct avec l’Etat et les décideurs, afin que les budgets soient conséquents pour que ce secteur soit un vivier d’auto-emploi pour les jeunes. Il faut donner espoir à celui qui s’y engage pour qu’il ait des ouvertures véritables tant au plan national qu’international. C’est même une des missions de l’ITI.µ

Comment remédier selon vous au fait que les comédiens aient très peu d'espaces d'expression hormis à la faveur de festivals de théâtre?
Quand on lit l’histoire du théâtre, on se rend compte qu’il n’a pas commencé en salle. Pourquoi doit-on cantonner notre expression à la salle ? Si le théâtre est l’expression de la vie manifestée, alors pourquoi la limiter entre quatre murs ? Je l’ai dit tantôt, ici au Cameroun et même ailleurs en Afrique, le théâtre doit aller à la conquête des publics où qu’ils se trouvent. Rien ne doit nous arrêter. On a besoin des salles c’est vrai, mais en l’état actuel des choses, nous devons continuer d’exister et d’agir. Pour cela, nous devons nous trouver d’autres prétoires : les chefferies des quartiers, les écoles, les centres de loisirs. En somme, nous devons trouver une collaboration solide avec l’Etat et les décideurs pour que tout l’espace public devienne l...

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