Couples : quand la violence s’installe

Elle était juste partie pour apprêter le repas de sa famille et de son enfant malade, interné dans un centre de santé. Diane Yengwo, enseignante au lycée de Nylon à Douala dans le Littoral, ignorait que cet acte lui coûterait la vie. Après avoir reçu des coups de son époux le 14 novembre à son retour à l’hôpital, Diane Yengwo va perdre la vie le samedi 18 novembre. Six mois auparavant, le 12 avril 2023, c’est Viviane Mentchum Wambo, enseignante de Physique, chimie et technologie au lycée bilingue de Mokolo dans l’Extrême-Nord, qui était assassinée par son mari. Ce dernier la soupçonnait d’infidélité. Après avoir commis son crime, cet homme se donnera aussi la mort par coups de poignard. A Nanga Eboko dans le Centre, Vanessa Youbi Kamga, 30 ans, a également succombé à la cruauté de ses assaillants. Cette jeune commerçante vivant avec ses trois enfants, sa petite sœur et sa cousine, a été égorgée et mutilée à son domicile, ainsi que les occupants de la maison. Les enquêtes vont révéler plus tard que le chef de file des assaillants, appréhendé par les forces de l’ordre, était un ancien compagnon...
Des Diane Yengwo, Viviane Mentchum ou Vanessa Kamga se multiplient au Cameroun. En moins de 12 mois, le pays enregistre plus de 50 cas de féminicides, dont une bonne partie vient des couples. Qu’est-il donc arrivé ? Les vertus du dialogue entre partenaires auraient-elles disparu ? La patience a-t-elle foutu le camp chez les anciens amoureux ? C’est en tout cas l’impression qui se dégage, au regard de ce tableau macabre. Les violences entre des partenaires, jadis amoureux, prennent une ampleur criarde. Les mots blessants ou les violences économiques ne suffisent plus. Les coups s’en mêlent, au point d’ôter la vie. Pourtant, des campagnes de sensibilisation se multiplient. Les sanctions pénales sont brandies au quotidien pour les bourre...