Sodecoton : une nouvelle ère s’ouvre

Quasiment actée, la sortie de Geocoton du capital de l’entreprise va entraîner inéluctablement une réorganisation de cette agro-industrie.

Depuis le mois d’août 2023, les employés de la Société de Développement du coton du Cameroun (Sodecoton) n’ont plus revu Pierre Henri Mourrain, leur Directeur général adjoint. La raison est simple. Le contrat liant ce jeune cadre français à Geocoton comme Dga de Sodecoton n’a pas été renouvelé. Selon nos sources, le Dga, n’a pas été remercié. Il a été reversé dans les effectifs de Geocoton à Paris. Ce poste était réservé à Geocoton, l’un des trois actionnaires de la Sodecoton, après l’Etat du Cameroun (59%) et la Société mobilière d’investissement du Cameroun (SMIC) de Baba Danpullo (11%). Pour les observateurs qui suivent au quotidien l’actualité autour de cette agro-industrie, la première du Grand Nord, le départ de Pierre Henri Mourrain n’est pas un fait de hasard. Il traduit la décision du partenaire français de se désengager définitivement du capital de la Sodecoton. La géographie du capital va donc être chamboulée. L’information est confirmée par une source proche de la direction générale de la Sodecoton qui a requis l’anonymat.
Geocoton va céder la totalité de ses actifs qu’il possédait. A qui ? « Probablement à l’Etat du Cameroun », indique la même source. Des pourparlers se tiennent en ce moment. Abbas Jaber, le propriétaire d’Advens-Geocoton, séjourne au Cameroun depuis la semaine dernière pour boucler les négociations. C’est le deuxième voyage qu’effectue ce Franco-libanais dans notre pays en moins de deux mois, précise notre informateur. Il est question, entre autres, d’évaluer ses actifs à la Sodecoton. Le chiffre de 32,7 milliards de F a été avancé par certaines sources. Mais, dans une interview accordée le 25 mars dernier à EcoMatin, un quotidien économique camerounais, Abbas Jaber a réfuté catégoriquement ce chiffre. Quels sont les motifs qui emmènent Geocoton à quitter le Cameroun ? Dans l’interview mentionnée plus haut, le propriétaire d’Advens-Geocoton salue pourtant les « résultats brillants enregistrés par la Sodecoton ces cinq dernières années ». Il a fait savoir que la « vision de son groupe en Afrique s’inscrit dans une vision à long terme. » Des chamboulements similaires sont annoncés au sein des autres entités que possède ce groupe en Afrique. Lancé dans une stratégie de diversification et d’expansion, le groupe, selon son promoteur, compte se repositionner sur les énergies solaires, l’élevage et la logistique. A titre de rappel, la Sodecoton exploite un parc de 630 camions pour le ramassage de la fibre.
Malgré les assurances données, le départ de Geocoton surprend. Ce d’autant plus qu’il y a quatre ans environ, il avait fait une offre pour devenir l’actionnaire majoritaire de la Sodecoton avec 51% de parts. L’opération n’avait pas prospéré. Qu’est-ce qui peut donc justifier ce revirement ? Cherchant des explications à ce départ, certains chroniqueurs ont fait courir l’idée selon laquelle Geocoton serait contre l’entrée de la Sodecoton en bourse. « Faux », rétorque-t-on à la Sodecoton. « Voir son entreprise entrer en bourse, c’est un bonus. La Sodecoton est une entreprise solide à ce jour, qui fait des bénéfices depuis 2017. Certes nous perdons un partenaire technique historique, mais nous allons continuer à reconstruire avec d’autres partenaires, notamment l’Etat qui a toujours été aux côtés de notre entreprise. Il n’y aura pas d’impact négatif à cette sortie », rassure un dirigeant de la Sodecoton qui a souhaité lui aussi garder l’anonymat. A titre de rappel, Geocoton avait repris en février 2008 les actifs de Dagris (Développement des agro-industries du Sud), qui, elle-même était née des cendres de la Compagnie française pour le développement des fibres textiles (CFDT). Cette société avait été créée dans les années 1950 par la France pour réduire sa dépendance vis-à-vis du coton importé d’autres pays.

Les voyants au vert

180 milliards de F de chiffres d’affaires. Un objectif de 380 000 tonnes de coton pour la campagne en cours. Plus de 24 milliards payés aux producteurs à travers la Confédération nationale des producteurs de coton du Cameroun (CNPC-C). La culture du coton mobilise près de 200 000 producteurs. Plus de deux millions de personnes vivent de cette spéculatio...

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