« L’absentéisme compromet considérablement l’action publique »

Dr Isaac Essame, enseignant à l’Université de Douala, expert en gouvernance publique.

Lors du Conseil de cabinet du 25 juillet dernier, l’essentiel des échanges a porté sur l’absentéisme des fonctionnaires et agents de l’Etat à leurs postes de travail. Ce n’est pas la première fois que ce sujet est évoqué par le Premier ministre, chef du gouvernement, en personne. Pourquoi ce phénomène persiste-t-il d’après vous ?
La persistance de l'absentéisme s’explique au moins par six facteurs, à savoir : la démotivation d’une partie du personnel de l’Etat due au traitement salarial, l’absence de conscience professionnelle des proches de certaines autorités qui ne se sentent pas obligés d’être présents, les affectations des fonctionnaires et des agents publics loin de leurs familles, la gestion des activités parallèles, les voyages non déclarés hors du pays, et surtout l’impunité de nombreux fonctionnaires et agents de l’État indélicats. La discipline qui caractérise généralement les organisations bureaucratiques est relativement respectée dans les administrations publiques camerounaises, bien que le modèle bureaucratique y demeure le référentiel. Dans le même temps, le nouveau management public fondé sur les résultats peine à s’appliquer.

Qu’est-ce que l’absentéisme peut avoir comme conséquences sur le fonctionnement de nos institutions publiques ?
Les conséquences sont aussi nombreuses que diverses. Il s’agit, entre autres : du dysfonctionnement des administrations publiques, des retards dans la satisfaction des besoins des usagers du service public, de la lourdeur des charges salariales sans contrepartie du rendement du personnel absentéiste, la surcharge de travail pour le personnel présent et assidu, la défaillance des administrations publiques et davantage une perception d’un État laxiste. L’absentéisme réduit la performance des institutions publiques et compromet considérablement l’action publique. Il en est ainsi parce que les programmes et les projets de développement de l’Etat reposent sur des effectifs déterminés. La non-contribution de l’ensemble des effectifs visés dans le cadre de la gestion d’un service public ou de la conduite d’un programme d’action publique plombe l’action de ces institutions et empêche l’atteinte des objectifs. Des ressources humaines qui ne sont pas à leurs postes de travail de manière régulière deviennent des charges inutiles pour les organisations. Cette réalité constitue une préoccupation majeure dans les administrations publiques.
Comment l’Etat peut-il combattre plus efficacement ce phénomène. 
Le phénomène d’absentéisme peut d’abord être combattu efficacement par la motivation du personnel des institutions publiques. En effet, un personnel qui se sent considéré et respecté est plus engagé au travail. Il en est de même lorsqu’il bénéficie d’un meilleur traitement salarial. Les nouvelles recrues font face au problème de la prise en solde. Avant le début de la perception de leurs salaires, elles éprouvent des difficultés à rester dans leurs lieux de travail. Une prise en solde moins longue constitue également un facteur de motivation des ressources humaines des institutions publiques. Ensuite, la facilitation du regroupement familial est à prendre en compte dans la limite du respect des nécessités de service. Enfin, la sensibilisation du personnel sur la conscience professionnelle est indispensable. Dès lors, la suspension du sal...

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