« Tout le monde doit rester mobilisé du début à la fin du processus »

Pr. Aristide Menguele, enseignant de science politique, Université de Douala.

Elections Cameroon (Elecam) a affiché, le 20 octobre, les listes électorales provisoires des électeurs dans les antennes communales. Comment appréciez-vous la manière dont le processus de révision est conduit jusqu’ici ?
En tant qu’organe indépendant chargé de l’organisation, de la gestion et de la supervision du processus électoral et référendaire, Elections Cameroon a procédé à la révision annuelle des listes électorales sur l’ensemble du territoire national.  Aux termes des dispositions pertinentes de la loi n° 2012/001 du 19 avril 2012 portant Code Electoral, modifiée et complétée par la loi n°2012/017 du 21 décembre 2012, la révision annuelle des listes électorales commence le 1er janvier et s’achève le 31 août de chaque année. En vertu de cette disposition, Elections Cameroon a régulièrement mis à contribution son personnel pour une vaste opération de mise à jour du fichier électoral depuis le mois de janvier 2024. Ceci, afin de se conformer à la législation en vigueur en matière électorale. Globalement, la campagne annuelle de révision des listes électorales impulsée par la Direction générale des Elections est hautement appréciable surtout dans son rapport à la socialisation à la culture politique de participation. D’abord, parce qu’elle obéit à une logique de transparence en matière de gestion des élections. Ensuite, parce qu’elle confirme l’option pour le modèle participatif de gestion du fichier électoral dans la mesure où elle concrétise une volonté d’implication des formations politiques et de la société civile à l’animation de la vie politique au Cameroun. Enfin, parce qu’elle contribue non seulement à la modernisation de l’organisation, de la gestion et de la supervision du processus électoral, mais surtout à la consolidation du processus camerounais de démocratisation. 


Certains acteurs du processus électoral demandent l’informatisation du fichier électoral. Qu’est-ce qu’un tel mécanisme apporterait comme avantages au système actuel ?
Le numérique et les technologies de l’information et de la communication offrent de nombreuses opportunités en matière d’organisation, de gestion et de supervision des élections. Il s’agit d’une garantie de la transparence électorale. En effet, étant donné que la biométrie permet de sauvegarder des informations relevant de la sociologie électorale, l’informatisation du fichier électoral apparait comme une plus-value en matière de transparence électorale dans la mesure où elle facilite à coup sûr la collecte, l’enregistrement et la mise à jour des données.  C’est surtout un outil de facilitation du vote électronique (e-vote) et de dématérialisation des procédures en matière de consultation électorale. Sous ce rapport, l’on peut s’attendre, le cas échéant, à ce que l’informatisation du fichier électoral rende possible et/ou accélère l’institutionnalisation du vote électronique. Avec elle, l’organisation, la gestion et la supervision des élections gagnerait certainement en célérité, en spontanéité, en agilité et en efficacité malgré les risques que comporte par ailleurs tout processus de numérisation et de dématérialisation des procédures. 


Cette année, on a noté un certain engouement du public à s’inscrire sur les listes électorales. Mais les expériences du passé ont souvent fait voir une absence de motivation, autant de la part des personnes inscrites que des partis politiques pour la suite du processus. Qu’est-ce qui peut l’expliquer ? 
L’engouement manifeste des citoyens à s’inscrire sur les listes électorales n’est ni une génération spontanée, ni un épiphénomène. Il s’agit d’un indicateur probant de la maturation progressive du processus de démocratisation assortie d’une volonté collective et populaire de participation au processus de décision. Certes, elle traduit l’enracinement contemporain de la culture politique de participation. Mais, cet engouement est souvent mis à rude épreuve par la démobilisation politique qui se donne généralement à voir à l’approche des consultations électorales. Pour comprendre cette baisse tendancielle de l’engouement et ce désintéressement, il faut intégrer dans l’analyse la faible capacité de mobilisation des candidats de certaines formations politiques dont les stratégies marketing lors des campagnes électorales démobilisent et déconcertent l’électorat. La qualité souvent approximative de certaines offres politiques, l’amalgame entre les coalitions politiques de circonstances, les interférences ethniques du discours électoral, l’instrumentalisation et l’exacerbation opportuniste du communautarisme et l’incapacité des citoyens à s’identifier aux offres politiques proposées sont des variables explicatives de cette démobilisation qui précède souvent l...

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