« Probable qu'on assiste à un recentrage de l’Europe face à l’Amérique »

La chute de Bachar al-Assad en Syrie, les élections européennes sous tension, le retour de Trump à la Maison Blanche sont, entre autres, des faits saillants de 2024, en dehors de l’Afrique. Que présagent ces événements pour 2025 ?
En se limitant aux seuls cas répertoriés ici, dans une logique de ce que pourrait être leurs conséquences en 2025, on peut relever pour ce qui est de la Syrie que bon nombre d’analystes relèvent qu’avec la chute de Bachar al-Assad, on pourrait s’attendre à ce que le Qatar exporte finalement son gaz en Europe en passant par la Syrie. Le souverain déchu s'y opposait. L'Europe, désormais approvisionnée en gaz par le Qatar pourrait se libérer de sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et la perspective américaine. En troisième lieu, la Russie pourrait récupérer les territoires stratégiques en Ukraine tout en gardant ses bases et ses positions en Syrie, épargnées par les milices islamistes. Par ailleurs, Israël après avoir ébranlé les résistances palestiniennes et libanaises, ainsi que tous leurs relais, pourraient consolider sa position et sa mainmise sur le plateau du Golan. 
En ce qui concerne la Turquie d'Erdogan, elle pourrait bénéficier du gaz et des placements financiers qataris, tout comme du pétrole syrien et consolider ses positions sur les frontières nord avec la Syrie. Ce qui lui permettrait de se débarrasser des flux migratoires et du problème kurde. Quant aux États-Unis, ils pourraient mettre un frein au projet chinois de la route de la soie. La nouvelle administration Trump remettant à l'ordre du jour les accords d'Abraham qui prévoient la normalisation des rapports diplomatiques entre Israël et les Émirats arabes unis d'une part, et entre Israël et le Bahreïn d'autre part. Toutefois, l’arrêt du projet de la route de la soie semble problématique. Les États-Unis pourraient-ils obstruer la chine ? La Chine se désistera-t-elle face aux pressions américaines ? Wait and see.
Pour ce qui est de l’élection du républicain Trump, tout semble indiquer qu'il y aura une rupture avec les pratiques démocratiques de la gouvernance mondiale aussi bien sur le plan des valeurs, sur la gestion de la guerre russo-ukrainienne que sur la relation transatlantique avec l’Europe. Néanmoins, on devrait s’attendre qu'il y ait une continuité dans la gestion frondeuse des relations avec la Chine qui semble être devenue l’ennemi consensuel des administrations américaines depuis qu'elle menace leur hégémonie mondiale. 
Quant aux élections européennes, l’enjeu majeur étant, au-delà des questions européo-centrées, l’avenir de la relation transatlantique dans un contexte mondial dominé par la guerre russo-ukraine et le retour de Trump aux affaires, il est probable qu'on assiste à un recentrage de l’Europe face à une américaine se retournant sur elle-même. Ce qui de toute manière va davantage affaiblir le camp occidental face aux émergeants.

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