« La situation de ces pays pourrait s’améliorer »
- Par Jeanine FANKAM
- 12 mars 2024 10:38
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Sylvain N’Guessan, politologue, expert en prospective, sécurité et intelligence économique.
Avec le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso, trois membres fondateurs, c’est une nouvelle page qui s’ouvre avec la CEDEAO amputée. Ce retrait put-il affaiblir cette organisation sous-régionale ?
Avec le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso, c’est l’une des clauses fondamentales de la Cédéao, à savoir, la libre circulation des biens et des personnes qui est remise en question. Jusque-là, chacun des membres de la Communauté pouvait parcourir l’espace de la sous-région librement ou s’y installer et faire fortune. Depuis leur retrait, on attend leur texte pour être situé si dorénavant la carte de séjour, le visa et un permis de travail seront nécessaires pour entrer et séjourner dans ces trois pays et vice-versa. On ne sait pas encore si les trois vont aller jusqu’à créer leur propre monnaie, ce qui est fort probable. Dans ce cas, la question de la parité avec le franc Cfa va se poser de même que celle de la balance commerciale. La monnaie qui sera éventuellement créée devra être définie. Autant de choses qui pourraient impacter les relations économiques internationales. Il y a aussi des projets communautaires propres à la Cédéao, telles que les voies de communication qui doivent relier les capitales des pays côtiers et les voies ferroviaires devant desservir Niamey-Ouagadougou-Bamako-Dakar. Qu’en sera-t-il, parce que les financements impliquaient la Cédéao ? Quand les textes de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) seront publiés, on sera plus fixé sur ces questionnements.
La fragilité économique, sécuritaire et politique des pays de l’AES permet-elle de croire en des lendemain meilleurs ?
A écouter les autorités du Mali, du Burkina Faso et du Niger, cette fragilité économique pourrait être liée à la Cédéao. Les questions fondamentales sont soulevées dans la monnaie, les échanges commerciaux avec Paris. Jusqu’à une date récente, la mainmise de Paris sur les richesses et le sous-sol, selon les autorités de ces trois pays, rendait vulnérable leurs Etats du point de vue économique. A partir du moment où il y a une rupture et de nouveaux acteurs économiques extérieurs qui rentrent en ligne de compte dorénavant, la situation de ces pays pourrait s’améliorer. Il en est de même de la question sécuritaire. En tout cas, Ouagadougou et Bamako semblent mieux équipées pour l’offensive contre les mouvements terroristes. Les Forces armées militaires maliennes ont pu s’installer à Kidal, ce qui n’avait pas été possible depuis 2012. Ouagadougou diffuse différentes vidéos lors des journaux télévisés présentant l’avancée des Forces armées du Burkina Faso sur le terrain. Il en est de même du Niger.
Concernant la fragilité politique, les trois Etats entendent aller à la confédération. Ce qui pourrait entraîner une certaine stabilité. Le vaste espace géographique qui sortirait de la fédération aura des incidences politiques qui pourraient améliorer le sort des populations concernées.
La Cédéao a mis l’eau dans son vin en levant les sanctions contre le Niger. Quel est le scénario probable pour ces trois pays : persister dans leur retrait ou faire machine arrière?
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