Joseph Vincent Ntuda Ebodé, professeur titulaire des universités hors échelle, directeur du Centre de recherche d’études politiques et stratégiques (CREPS) de l’université de Yaoundé II-Soa.
Après plusieurs mois de partage du pouvoir, l’armée et les paramilitaires sont en conflit. Qu’est-ce qui peut expliquer cette montée d’adrénaline ?
Depuis octobre 2021, date du coup d’État, le Soudan, pays d'Afrique du Nord-Est, bordé par sept pays et par la mer rouge, est dirigé par un conseil de généraux parmi lesquels, Abdel Fattah al-Burhan, chef des forces armées et, de fait, président du pays et son adjoint et chef de la RSF, Mohamed Hamdan Dagalo, plus connu sous le nom de Hemedti. Ce sont ces deux qui sont au cœur du conflit actuel. Car, n'étant d'accord ni sur la direction que prend le pays, ni sur la proposition de passer à un régime civil, ni sur le projet d'intégration de 100 000 hommes des forces de sécurité dans l'armée, ni même sur la question de savoir qui dirigera la nouvelle force. La goutte d’eau qui fait déborder le vase, il y a quelques jours, vient du redéploiement des forces de sécurité dans tout le pays. Ce que l'armée a considéré comme un affront et une menace. Toutefois, les combats actuels, selon de nombreux observateurs, constituent le dernier épisode des tensions qui ont suivi le coup d’État contre le président Omar el-Béchir en 2019. Si de nombreuses manifestations dans les rues ont réclamé son départ du pouvoir, l'armée qui en a profité à travers son coup d'État, n’a pas eu de répit. Très rapidement, les civils sont descendus dans les rues, pour réclamer la transition vers un régime démocratique. Le gouvernement mixte (militaires et civils), qui a été mis en place ayant été renversé par un autre coup d'État en octobre 2021, la rivalité entre les généraux Burhan et Dagalo s'est intensifiée. Et bien qu'un accord-cadre visant à remettre le pouvoir aux civils ait été conclu en décembre 2022, les pourparlers visant à en finaliser les détails ont échoué. D'où donc la crise actuelle dont les acteurs principaux sont, d'un côté, le général Dagalo et les FAR, du côté du peuple, et de l’autre, le général Burhan qui a déclaré que l'armée ne remettrait le pouvoir qu'à un gouvernement élu, écartant de fait, les représentants civils de l'accord de partage du pouvoir.
Ce conflit intervient alors que les négociations en vue de la signature de l’accord de transition étaient toujours en cours. Y a-t-il encore des chances de sauver ce document censé ramener le pouvoir à un gouvernement civil ?
En politique, il ne faut jamais exclure la négociation. Car, c'est l'âme même de l 'ouvrage politique. Et en réalité, si on analyse le conflit actuel sous le prisme polémologique, il n'est rien d'autre qu'une continuation de la politique par d'autres moyens. Ce qui débouche automatiquement sur l'idée que, cette crise est aussi un appel des deux belligérants à négocier sur les enjeux du conflit, qui sont à la fois le partage du pouvoir entre civils et militaires et son transfert aux civils. On sait d'ailleurs en ce sens que, les diplomates, qui avaient déjà joué un rôle crucial en tentant d'encourager le retour à un régime civil, continuent, à l'heure actuelle, à chercher un moyen d'amener les deux généraux à se parler. Un bloc régional a aussi déjà accepté d'envoyer trois présidents (du Kenya, du Sud-Soudan et de Djibouti), à Khartoum. Et même si le doute persiste sur l'effectivité des voyages, en raison de la fermeture de l'espace aérien du pays, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu'un compromis sera trouvé entre les parties pour que cette délégation de très haut niv...
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